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Commémorations AZF : "pas question de participer et faire bonne figure" tonne l'association des sinistrés du 21 septembre

20 ans après la catastrophe les plaies sont toujours béantes. Les commémorations se tiendront encore en ordre dispersé. 

19 septembre 2021 à 16h28 par Brice Vidal

 

Les commémorations de la catastrophe se déroulent ce mardi. 20 ans après l’explosion de l’usine AZF, les Toulousains n’oublient pas cette tragédie. Pauline Miranda continue aujourd'hui de défendre les victimes, la présidente de l’association des sinistrés du 21 septembre habitait en face de l’usine AZF à l’époque. 

 

« C’était la guerre, c’était Beyrouth »

Elle était dans sa voiture au moment des faits « heureusement que je n’étais pas dans mon appartement ou dans le souterrain car je ne serais plus là aujourd’hui » et se souvient encore de ce jour funeste. « J’habitais au bord de la rocade, en face d’AZF […] arrêtée au feu, j’ai vu la toiture du collège se soulever, les vitres exploser, tous les débris arrivaient, ma voiture s’est soulevée et a changé de file ! » Elle se couche à temps pour éviter la pluie de projectiles « j’ai vu l’école primaire exploser, les enfants sortaient ensanglantées ». Groggy elle se dirige pourtant avenue de Papus « là c’était la guerre, Beyrouth. J’ai vu un gros champignon jaune, l’air était irrespirable ».

 

Des blessures encore présentes

Pensant son mari, parti travailler quartier Bellefontaine, mort ; elle entre dans son appartement pour lui téléphoner « évidemment ça ne marchait pas », puis se calfeutre dans ses toilettes, seule pièce épargnée par le blast. Elle prend tout à coup conscience de ses blessures « le sang coule de mon oreille, j’ai perdu 75% d’audition. »

Ce n’est que le début du calvaire, Pauline sera sous anti-dépresseur pendant 5 ans « j’ai même fait une grossesse nerveuse ». Dans l'appartement « il y avait des morceaux de verre de 50 cm plantés dans les murs » après ça « nous sommes restés dans le noir avec du contreplaqué aux fenêtres pendant 9 mois. C'était très dur. »    

 

Le combat contre Total

En 2012 suite au procès, Total « ne voulait soudainement plus rembourser nos appareils auditifs, du coup la Sécurité Sociale non plus ». Pauline Miranda lance une action médiatique « et suite à mon passage dans le 13 heures de TF1, l’assureur de Total que je n’arrivais pas à joindre, me contacte en me disant qu’il rembourserait ». 

Pauline Miranda exige que tous les sinistrés dans le même cas le soient aussi « j’ai pris en charge tous les dossiers, d'abord 27 personnes ». Elle continue de venir en aide aux victimes « j’ai pu faire indemniser une personne en décembre et reçois deux à trois appels de victimes non répertoriées par semaine ». Selon elle depuis la fin du procès « Total a mis un tour de vis » et « je suis obligée de les menacer d’actions médiatiques » pour faire accepter les prises en charge. Objectif : ne laisser aucune victime sur le carreau.

 

 

Polémique autour du parcours de mémoire d’AZF

 

Pauline Miranda a aussi croisé le fer avec la mairie de Toulouse concernant le parcours de mémoire qui sera dévoilé mardi « ils ne doivent pas dire que c’est en accord avec les associations, c’est faux ». Pour Pauline Miranda « la mairie va dans le sens de Total » en écrivant que « 20 tonnes ont explosé alors que 160 tonnes ont détonné ». De plus, la mairie « n’a pas inscrit pourquoi Total a été condamné » à savoir « faute, négligence et manquements ». « On se moque des victimes c’est intolérable. »

Les associations de victimes voulaient douze lutrins sur le parcours mémoriel. La mairie en avait prévu sept et en a finalement rajouté deux supplémentaires. Et les associations ont demandé « à faire rectifier les textes » écrits sur le site. Pour autant, explique Pauline Miranda « c’est inconcevable d’être sur ce site » car « je me vois mal aller serrer les mains des dirigeants de Total ». Comme chaque année elle sera mardi « sur le rond-point du 21 septembre ». Pas question pour Pauline Miranda d’être avec les élus « qui feront bonne figure ».

 

La mairie de Toulouse tempère

Contactée, la mairie de Toulouse par la voix de Francis Grass, adjoint en charge du dossier apporte ses rectifications « tout ce qui sera sur les panneaux sont des faits historiquement attestés » regrettant qu’au moment des premières concertations débutées en septembre 2020 « toutes les associations de victimes ont été contactées mais une seule - Mémoire et solidarité – a répondu présent ». Conséquence lors de la dernière réunion de juin « les textes étaient écrits » mais « malgré cela nous avons incorporé des corrections » précise l’élu. A partir du mois de juin 2021, il a donc été décidé d’écrire « l’intégralité du jugement  sur le mémorial ». 

Concernant les lutrins, Francis Grass indique que 9 lutrins doubles ont été installés « pour préserver la visibilité de l’œuvre en accord avec l’artiste ». Sur le tonnage « aucun expert ne sait précisément combien de tonnes ont explosé » corrige l’adjoint de Jean-Luc Moudenc, « seule certitude, cela représente 15 à plus 100 tonnes d’équivalent TNT ».  

 

Le parcours mémoriel dévoilé mardi

A l’issue de la cérémonie organisée par la Mairie de Toulouse en mémoire des victimes de l’explosion mardi le parcours mémoriel créé "pour la commémoration des 20 ans sur l’ancien site industriel AZF" sera dévoilé. Implanté sur le site à proximité du Mémorial, l’œuvre d’art de Gilles Conan, ce parcours mémoriel est composé "de neuf pupitres retrace l'histoire de l'usine, de son passé industriel de 1924 à nos jours, la catastrophe elle-même, puis l’après-catastrophe, les procès et le renouveau du site." 

Il a été réalisé grâce à des "ressources documentaires, les contenus, en trois parties, ont été élaborés sous l’égide d’un comité scientifique (historiens, sociologues, urbanistes..)".

La partie histoire industrielle "est illustrée par des photographies de Jean Dieuzaide, issues du fonds détenu par l’association AZF Mémoire et Solidarité (anciens salariés AZF) et mises à disposition de la Mairie de Toulouse."