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Colère du mari de la joggeuse de Bouloc : " l'avocat général ne doit pas être contre la partie civile ! "

Christian Bouchon critique vertement la stratégie du parquet général. 

Publié : 15 mars 2019 à 15h43 par Brice Vidal

Incident de séance ce vendredi matin au procès du meurtre de la joggeuse de Bouloc.

Le mari de la victime, Christian Bouchon, a été entendu par la Cour d’Assises de Haute-Garonne. Il s’est fendu d’une charge envers David Sénat et l’avocat général est sorti de ses gonds. Pour rappel : le parquet général a considéré qu’il n’y avait pas assez de charges pour la comparution de l’accusé, Laurent Dejean. Au contraire de la Chambre de l’instruction qui a voulu ce procès. Du coup jeudi après midi, les enquêteurs et leur travail ont été ciblés par l’avocat général. Traditionnement, c'est l’accusé qui est mis sur le grill par le ministère public - qui représente la société. David Sénat a visiblement décidé de suivre les dernières réquisitions de non-lieu du parquet général. "Les questions étaient à décharge pour l'accusé" s'indigne Christian Bouchon.

Christian Bouchon ne l'accepte pas, il s'exprime au micro de 100% : "l'avocat général ne doit pas être contre les parties civiles, il doit être avec nous [...] ce qui nous fait le plus mal ? Si notre intime conviction est différente de la décison des jurés, je ne pourrai pas faire appel car c'est le parquet qui aura la décision. Et il ne sera pas de mon côté [...] je ne veux pas que les dés soient pipés". 

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Le doute subsiste


L'affaire revêt de nombreuses zones d'ombre : aucun profil génétique de l'accusé n'a été retrouvé sur la victime, dont le corps a séjourné une quarantaine de jours dans l'eau avant d'être découvert. Le véhicule ayant servi, selon les enquêteurs, à transporter le cadavre de Patricia Bouchon n'a jamais été retrouvé. Demeure à charge le portrait-robot brossé par un témoin capital. 37 personnes s'accorderont pour y trouver une ressemblance avec Laurent Dejean. Ce quadragénaire psychotique s'est fait interné juste après le meurtre et ne s'est jamais fait connaitre auprès des enquêteurs, malgré le batage judiciaire et médiatique dans les environs de Bouloc à l'hiver et au printemps 2011.

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Les proches de la victime entendus

Ce vendredi matin la famille de Patricia Bouchon ont défilé à la barre. Christian, donc, le mari ; mais aussi Carlyne sa fille, la soeur de la victime Sandra ainsi que son frère Bruno. Tous empreints d'une grande dignité. Peu de larmes et un désir chevillé au corps de comprendre ce qu'il s'est passé le 14 février 2011.

Patricia "une soeur aimante et douce" lâchera Bruno qui la voyait pourtant peu. "Elle m'appelait souvent suite à mon divorce" se souvient sa soeur. Tous évoqueront un tourbillon terrible : les dizaines d'enquêteurs, les médias, une commune de Bouloc en état de siège au moment des recherches. Et ce funeste 29 mars où le corps est retrouvé dans un fossé rempli d'eau à Villematier "comme dans un film, sauf que c'est à nous que c'est arrivé. Et c'était réel..." Pour Carlyne, la fille de Patricia "on m'a pris l'amour de ma vie, ma mère."

"Je la voyais partout"

Christian Bouchon reviendra à la barre sur la rencontre avec Patricia à 15-16 ans "mon premier amour".

Une vie de couple, parsemée d'embuches, une quarantaine de déménagements. Puis le choix d'une maison avec un petit jardin, à Bouloc, après une vie en appartement à Toulouse "peut être pour la soigner de ses troubles obsessionnels compulsifs [NDR : Patricia Bouchon, maniaque de la propreté, souffrait d'une forme d'anorexie] mais je crois que ç'a empiré [...] ma femme était tout en contraste : très peureuse et capable d'aller courir en pleine nuit. Mon regret est de n'avoir pas pu la soigner" avouera ce mari détruit.

Il a refait sa vie à Aurillac "pour oublier l'horreur, il me fallait changer d'environnement. Je la voyais partout ici."  L'accusé Laurent Dejean, enfermé dans sa camisole chimique, ne cillera même pas pendant les auditions des proches de Patricia... 

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