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Baccalauréat 2019 : "c'est mai 68 !"

4 juillet 2019 à 21h47 par Brice Vidal

Un Bac 2019 sujet à caution ?

 

 

Jean-Michel Blanquer a promis que tous les candidats au bac auraient leurs résultats ce vendredi, malgré la grève de correcteurs. Le ministre de l'Education a précisé que serait pris en compte le contrôle continu, "la moins mauvaise des solutions" pour certains, une "décision scandaleuse" pour d'autres.

 

Pour contraindre le gouvernement à rouvrir des négociations sur les réformes du lycée et du bac qu'ils dénoncent, des professeurs avaient refusé de saisir les notes des candidats mais aussi, pour certains, de rendre les copies.

Jeudi soir seuls "700 correcteurs" grévistes sur les 175.000 mobilisés pour l'examen retenaient encore "autour de 30.000 copies" sur les quatre millions à évaluer, a assuré le ministre.

Mais le chiffre serait bien plus important selon les syndicats de professeurs.

 

Situations très disparates selon les établissements de la région

En Occitanie, de nombreuses assemblées générales se sont tenues, parfois jusqu'à 15 heures.

 

La situation était très perturbée dans la grande majorité des établissements. Exemple, dans ce lycée de Montauban, où 100 notes manquaient à un jury sur 140. On comptait jusqu'à 4 correcteurs grévistes sur un jury. Certains avaient même toutes les notes, mais les correcteurs non-grévistes étaient nombreux à trouver la situation injuste, considérant qu'ils ne pouvaient pas statuer.

 

Et s'il y avait des proviseurs pour affirmer que les jurys n'étaient pas en mesure de statuer, d'autres, ayant reçu des instructions du ministère en cours de journée, demandaient à leur jury de statuer coûte que coûte, y compris en l'absence d'enseignants.

 

Situation 1 : les jurys se sont tenus normalement.

Situation 2 : les correcteurs présents ont pu noter une partie des candidats, mais pas tous, compte tenu des valeurs manquantes.

Situation 3 : les professeurs étant partis, ne restait alors que le président du jury et un secrétaire pour statuer sans note.

Situation 4 : les jurys n'ont pas statué, mais les chefs d'établissement ont fait eux-mêmes le travail, avec des notes récupérées "on ne sait pas trop comment " relate un enseignant interrogé.

 

Probablement à l'aide des notes du contrôle continu et non des notes d'examen. Le SNES-FSU Toulouse indique sur son compte Twitter qu'il a été constaté "des levées d'anonymat, des jurys expulsés, des notes saisies pendant la nuit par des chefs de centre" bref "des remises en cause du cadre réglementaire."

 

Aucune situation n'est similaire

Ce qui fait dire à des enseignants que le Bac 2019 "c'est mai 68".

 

Il est vrai qu'avec cette chienlit, pour reprendre une expression gaullienne, les élèves auront soit des notes d'examen, soit des notes de contrôle continu. Et quid des candidats libres ?

Le ministère a dit vouloir prendre des notes "en harmonie avec les résultats des élèves dans d'autres disciplines".

Dans plusieurs établissements, les candidats libres n'ayant pas de dossier, ont écopé d'un 10/20 d'office. Comme dans ce lycée d'Albi, où 3 élèves sans livret passant le Bac via le CNED (Centre national d'enseignement à distance), n'ont pas eu de note de philosophie. L'administration a statué en faisant la moyenne français / histoire-géographie.

 

Quelle valeur pour ces notes ?

Une chose est sûre, si la situation n'évolue pas : pour deux personnes différentes, le Bac n'aura pas la même valeur. De quoi dévoyer l'examen pour la totalité des candidats.

Le FCPE parle "de rupture d'égalité".

 

Pire, s'il venait à l'idée des certains parents de déposer un recours devant le Tribunal administratif : ils auraient sûrement gain de cause. D'autant que les candidats ont le droit de demander leur copie, suite à l'annonce des résultats.

Après avoir indiqué un possible retard dans la proclamation des résultats, le ministre a affirmé qu'elle aurait lieu ce vendredi 10 heures. Reste à voir si Jean-Michel Blanquer accepte d'assumer un Bac sujet à caution.