Autoroute A69. Déviation, impact environnemental, opposition, le directeur général d'ATOSCA entre dans les détails du projet
Au moins de juin dernier, ATOSCA, la société concessionnaire de la future autoroute A69 entre Castres et Verfeil dévoilait les détails de son projet. Alors que l'enquête publique sur l'autorisation environnementale doit débuter à la rentrée, le directeur général de la société, Martial Gerlinger, a répondu aux questions de la rédaction de 100%.
18 août 2022 à 19h30 par Axel Mahrouga
Il y a bientôt un an, le Premier Ministre Jean Castex annonçait depuis Labruguières, près de Castres (Tarn), le nom du concessionnaire pressenti pour réaliser et exploiter la future autoroute A69 entre Castres et Verfeil.
Récemment, le contrat de concession liant l'État à la société ATOSCA a été officiellement publié au Journal officiel le 20 avril dernier. Alors qu'une première présentation publique du projet a eu lieu au mois de juin, Martial Gerlinger, le directeur général d'ATOSCA a répondu aux questions de la rédaction de 100% sur l'avenir du projet donc les travaux sont toujours prévus pour débuter en 2023.
100% : Vous avez annoncé en juin dernier un prix de 6,77 euros pour un trajet Castres Verfeil. Comment ce prix a-t-il été défini ?
Martial Gerlinger : Ce prix est ce que l’on considère être le juste prix de l’intérêt que peut avoir un utilisateur de cet autoroute par rapport au temps gagné, au confort qu’il a a utiliser l’autoroute et le prix qu’il est prix à payer l’autoroute pour cela. Ce sont des critères d’études que l’on fait par rapport à la situation des différents utilisateurs.
Pour les péages, c’est un système de portique qui a été retenu. Concrètement, comment fonctionnent-ils ? Lecture de plaque puis facture envoyée au domicile ?
C’est effectivement un système nouveau mais qui facilitera l’utilisation de l’autoroute. C’est vrai qu’un système de “flux libre” avec 4 portiques répartis sur l’autoroute permet d’éviter d’avoir des barrières de péage. Vous êtes obligé de vous arrêter, prendre un ticket, redémarrer, produire plus de gaz à effet de serre.
C’est un système où vous circulez de situation normale sur l’autoroute et vous êtes reconnu par deux moyens. Soit par le badge que vous avez déjà aujourd’hui pour circuler sur les autoroutes. Le badge Liber-t sera reconnu automatiquement chez nous sans aucune intervention, par l’intermédiaire de ces portiques qui vont identifier les badges. Mais même sans badge vous serez reconnu par votre plaque minéralogique. Par un système très simple de saisie de vos coordonnées bancaires sur le site internet, vous pourrez associer votre véhicule à ce moyen de paiement et vous serez ainsi facturé avec des factures régulières à votre domicile. Nous serons le plus pédagogique possible sur ce système pour montrer comment il fonctionne et les différents moyens de paiement.
Sur le tracé, deux diffuseurs doivent être construits sur Puylaurens et Soual. Quel type d'aménagement est prévue pour ces deux communes ?
L’idée effectivement c’est d'utiliser ces contournements dans le prolongement de l’autoroute pour avoir la connexion en 2x2 voies rapides à 130 km/h entre Castres et Toulouse.
Il y a aura la possibilité de ne pas les utiliser et de continuer à utiliser la RN126 et de passer dans les centres villes de Puylaurens et Soual, le cas échéant, si les gens ne souhaitent pas utiliser l’autoroute
Néanmoins, ce qui est prévu dans ce projet c’est que les traversées de Puylaurens et SOual seront aménagés, sur la base d’un budget payé par ATOSCA, qui permettra de sécuriser et d’apaiser les passages dans ces centres villes
Il y aura également un petit barreau qui sera réalisé à Puylaurens pour faciliter l’arrivée sur l’échangeur de Puylaurens sur le contournement et éviter ainsi le centre-ville.
La prochaine étape du calendrier c'est l'enquête publique sur l'autorisation environnementale. En juin le préfet louait un dossier «exemplaire». Concrètement, qu'est-ce qui a été mis en place pour préserver au maximum la faune et la flore autour du tracé ?
Notre groupement ATOSCA a souhaité travailler sur cette opération de longue date et à dès 2019 réalisé des études environnementales très poussées, sur l’ensemble du tracé sans attendre les appels d'offres de l’état, pour avoir une bonne connaissance du terrain, des zones sensibles. Pour avoir aussi une bonne connaissance du monde agricole concerné par ce projet et voir comment on peut optimiser le tracé pour éviter au maximum les zones environnementalement sensibles et réduire les emprises.
Nous avons ainsi, par ce travail très détaillé, pu passer de terrain agricole et environnementalement sensible nécessaires pour l’opération, tels qu’ils étaient prévus par la DUP de 2016 de l’ordre de 380 hectares. Au final nous n’aurons besoin que de 300 hectares par ce travail d’optimisation du tracé, d’évitement des zones sensibles
Nous avons aussi pu aussi éviter le nombre de bâti qui serait impacté directement par l’opération, qui était de 60 lors de la DUP, nous n’en aurons besoin plus que de 40 et nous travaillons en bonne intelligence avec les riverains concernés sur ces bâtis.
Les quelques zones environnementalement sensibles, que nous n’avons pas pu éviter, nous allons être exemplaires dans les mesures compensatoires qui seront mises en œuvre pour compenser totalement ces impacts et réaliser les mesures de gestion les plus adaptées avec le monde environnementaliste local.
Quelles formes vont prendre ces compensations ?
Vous êtes par exemple amené à reboiser certains terrains quand vous avez fait des défrichements. Vous pouvez être amené sur des terrains agricoles à proposer des gestion environnementalement différentes de ces terrains, sans perdre la fonction agricole de ces terrains. Voilà le genre de choses qui permettent de recréer les habitats nécessaires pour les différentes faunes concernées.
Des bruits courent à Toulouse qu'une utilisation des remblais de la 3e ligne du métro seraient utilisés pour concevoir l'autoroute. Qu'en est il ?
Ceci est bien entendu totalement faux et n’aurait aucun sens. L’optimisation que nous avons faite sur ce projet c’est aussi dans l’utilisation des matériaux sur place pour éviter les transports logistiques et éviter d’avoir des camions qui traversent les villes et villages pour rejoindre l’opération mais qu’on puisse utiliser les matériaux au plus près de telle sorte que les déblais qui sont réalisés puissent être utilisés sur place pour faire les remblais nécessaire.
Une fausse rumeur donc ?
Absolument, une fausse rumeur.
Avec le projet c'est 1000 emplois qui vont être créés directement ou indirectement. Vous souhaitez embaucher au maximum au niveau local. Comment cela prendra-t-il forme ?
Au plus haut du chantier nous aurons à peu près, en intervenants directs, de l’ordre de 1200 personnes qui vont travailler sur ce chantier. Nous allons forcément travailler au maximum avec les entreprises locales pour réaliser ce chantier et nous allons aussi systématiquement, à chaque fois que nous présenterons le projet localement, faire de la pub pour embaucher des personnels locaux et indiquer que nous sommes à l’écoute pour les accueillir sur l’opération. Nous allons travailler avec pôle emploi pour permettre aussi l’insertion de personnes éloignées de l’emploi.
Tout ceci fait que ces 1000 emplois locaux sont des emplois directs chez nous mais aussi tout l’impact économique que peut représenter un chantier et le déploiement sur le terrain de ces emplois sera très important.
Pendant la phase d’exploitation, vous aurez une équipe de 45 personnes qui sera basée à Puylaurens et qui sera dédiée à cette opération et ATOSCA, le concessionnaire aura aussi ses bureaux sur place.
Il existe une franche opposition à l'heure actuelle au projet. Sera-t-elle intégrée à l'avenir au suivi de la construction de l'autoroute ? Si oui, sous quelle forme ?
Nous souhaitons, maintenant que le contrat de concession est signé et qu'on entre dans une phase active, travailler avec l’ensemble des partenaires concernés par cette opération. Il nous semble important de rencontrer tout le monde et d’avoir en particulier, un lieu d’échange sur la bonne intégration de cette opération, la bonne gestion des mesures compensatoires. Avec l’état, des comité de suivi ont été mis en place, qui se sont déjà réunis et qui accueillent en partie ces personnes et ce seront des lieux d’échanges dans la durée
Ce comité de suivi à vocation à être convoqué à quelle fréquence ?
Ceci sera adapté en fonction de l’évolution du projet mais au moins tous les ans
Les collectivités étaient prêtes à mettre 220 millions d'euros pour la subvention d'équilibre au projet. Vous ne leur avait demandé que 10% de cette somme. Pourquoi si peu ?
L’État a fait le choix de la concession et à fait la demande dans les différentes offres demandées d’optimiser au maximum cette subvention. C’est ce que nous avons fait. Nous l’avons fait sans pénaliser les niveaux de service, sans pénaliser les enjeux environnementaux comme nous en avons parlé mais nous avons optimisé le projet du point de vue technique, du financement et c’est ce qui nous a permis d’obtenir cette baisse de subvention proposée au final.