Attentat de l’école juive : "j’ai vu le tireur entrer dans la cour de l’école" Jonathan Chetrit a recueilli les versions des témoins
L’ancien interne d’Ozar Hatorah publie “Toulouse 19 mars 2012. L’attentat de l’école Ozar Hatorah par ceux qui l’ont vécu” (Ed. Albin Michel)
18 mars 2022 à 17h03 par La Rédaction
10 ans après Jonathan y pense encore chaque jour, cette scène de guerre impossible à oublier, « il me faut apprendre à vivre avec ». Jonathan Chetrit, 17 ans, est en Terminale à l’école Ozar Hatorah quand Mohamed Merah assassine trois enfants et un enseignant. Les séquelles demeurent « instinctivement je fais toujours attention aux issues de secours lorsque je suis dans un lieu public » et « dès que je vois une petite fille blonde dans la rue je pense à Myriam Monsonégo ». Myriam qu’il a vu tomber sous les balles du tueur ce 19 mars 2012 vers 8 heures du matin.
« J’ai vu le tireur entrer dans la cour de l’école » mais les élèves présents sont loin d‘imaginer que l’école est attaquée par un fanatique « d’autant on sortait d’une fête juive où on a l’habitude d’allumer des pétards ». L’horreur ne fait plus le moindre doute quand la CPE se met à hurler « il y a un tireur dans l’école ». Jonathan préviendra le directeur Yaakov Monsonégo puis « je passe à l’opérationnel et dis à des élèves de se cacher dans une réserve ». Personne ne sait si le tueur est encore dans les locaux, une fois autorisés à sortir, le groupe d’élèves sera confiné dans un réfectoire.
Le directeur décide de rouvrir l’école quelques jours après le massacre
Ensuite vient le temps de l’effroi « on est tous abasourdis », contrairement aux attaques terroristes intervenus en France dans les années qui ont suivi « on était pas préparé à ça » , « les images ne nous quittent pas : les flaques de sang, les linceuls sur les corps ». Jonathan concède ne pas avoir spécialement suivi la traque du tueur au scooter car « en parallèle nous avions les prières auprès des corps et leur départ vers Israël ». Pour Jonathan la reconstruction attendra, il ne se fera pas aider par la cellule de soutien psychologique mise en place à Ozar Hatorah « c’était trop tôt pour moi », « il m’a fallu 3 ou 4 ans avant d’être accompagné. » Mais la décision du directeur, endeuillé par l’assassinat de sa fille, remettra la petite communauté sur le bon chemin « 3 jours après, le directeur a sollicité les enseignants pour que les cours reprennent, ça nous a aidé à nous relever »
La parole aux victimes
Jonathan Chetrit vient de publier “Toulouse 19 mars 2012. L’attentat de l’école Ozar Hatorah par ceux qui l’ont vécu” (Ed. Albin Michel), un exercice cathartique pour l’ancien interne de l’école de la Roseraie qui a recueilli de nombreux témoignages. « C’était un devoir de mémoire, mais surtout il fallait donner la parole aux victimes qui n’ont pas pu s’exprimer ces 10 dernières années », « j’ai reçu un accueil positif et bienveillant même si pour certains anciens élèves, c’est encore trop douloureux »
La Ville rose se souviendra dimanche. Emmanuel Macron aux côtés de M. Isaac HERZOG, Président de l’Etat d’Israël, se rendra à Toulouse le dimanche 20 mars, « à l’occasion des cérémonies de commémoration des dix ans des attentats de Toulouse et Montauban organisées par le Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF) » indiquait l’Elysée ce mercredi.
Brice Vidal avec Thomas Duran
Photo © Samuel Kirszenbaum
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