Assises de l'Aude : une mère de famille infanticide dans le box
Elle est accusée d'avoir congelé son nouveau-né.
Publié : 14 mai 2016 à 11h41 par Brice Vidal
Une mère de famille belge comparaît pour infanticide à partir de mardi devant la cour d'assises de l'Aude à Carcassonne, accusée d'avoir congelé son nouveau-né, juste après l'accouchement. Nathalie De Mey, 32 ans, comparaît libre. Elle devait être jugée en décembre 2015, mais le procès avait été renvoyé en raison de son absence. Sous contrôle judiciaire depuis fin août 2012, après 16 mois de détention provisoire, elle ne s'était pas présentée à l'audience. Un mandat d'amener avait été délivré et cette femme née le 10 octobre 1983 à Lokeren en Flandre-Orientale avait été interpellée dans la soirée à son domicile à Limoux (Aude), puis écrouée. "Elle a été remise en liberté quelques jours plus tard", précise son avocat, Me Philippe Calvet, qui craint "énormément" que sa cliente fasse à nouveau faux-bond. "Ça lui paraît insurmontable de s'expliquer", dit-il, reconnaissant cependant un message positif: elle a demandé à le voir, contrairement à décembre.
Avant la convocation initiale, l'avocat était resté sans nouvelle de l'accusée pendant des mois. Le 2 février 2011, Mme de Mey avait accouché seule, assise sur les toilettes. Elle avait coupé le cordon ombilical, nettoyé et emmailloté le bébé dans une couverture. Elle s'était aussi douchée, avait caressé le nouveau-né durant un "temps indéterminé" puis l'avait placé dans le congélateur, pour, a-t-elle expliqué au psychiatre, "ne pas lui faire mal". Ensuite, elle était partie récupérer ses deux filles de 3 et 7 ans.
"Elle a eu peur d'avouer au père de ses deux enfants que le troisième n'était pas de lui. Elle a tout fait pour ne pas l'avoir. Elle a voulu avorter mais trop tardivement. Ce n'est pas un déni de grossesse, c'est un déni de maternité", estime Me Calvet. Le 2 mai 2011, Roland Sanchez, son ancien compagnon, de 20 ans son aîné, qu'elle décrit violent et amateur de boisson, était venu confier les fillettes à leur mère. Avant de repartir, il avait vérifié dans le congélateur si elles disposaient d'assez de nourriture. Et découvert le nourrisson. Cette grossesse était intervenue pendant une période perturbée de la vie de Mme de Mey.
Un an auparavant elle avait quitté M. Sanchez pour s'installer avec Mack Tong Van, lequel s'était détourné d'elle. Une relation épisodique avec son premier compagnon avait repris. Quand il avait appris la grossesse, Mack Tong Van avait approuvé puis, selon elle, n'avait plus donné signe de vie, ce que l'accusée avait considéré comme une trahison. Alors qu'à son entourage, elle avait expliqué sa prise de poids par un traitement à base de cortisone, elle avait déclaré que l'homicide lui était apparu comme "la seule solution". Quant à l'idée du congélateur, elle était venue d'échos dans les médias d'infanticides similaires. Si Nathalie De Mey ne se présentait pas mardi, le procès pourrait malgré tout se tenir. "Je demanderai un nouveau renvoi. Toutefois le président peut décider de la juger par défaut", a indiqué son avocat. L'expertise psychiatrique fait état d'une "altération du discernement au moment du passage à l'acte" mais établit que l'accusée était responsable de ses actes. C'est cette altération que son avocat veut plaider. L'accusée encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu jeudi, après trois jours d'audience.
Sources : AFP.