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Antisémitisme : le coup de colère du Crif Toulouse lors de l'inauguration de l'allée Monsonégo-Sandler

Publié : 5 novembre 2019 à 13h20 par Brice Vidal

Les actes antisémites au plus haut en Haute-Garonne.

 

Tous étaient là, ce mardi matin au jardin Michelet à Toulouse, pour rendre hommage aux victimes juives de Mohamed Merah. L'ancien président Nicolas Sarkozy alors aux commandes de l'Etat, le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer, le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc, mais aussi le préfet, les élus de l'époque, les recteurs actuels et passés. Les responsables de la communauté juive, touchée dans sa chair par la barbarie djihadiste le 19 mars 2012. Vers 8 heures, le tueur au scooter abattait froidement Jonathan Sandler, rabbin et professeur âgé de 30 ans, ses deux jeunes fils, Gabriel, 3 ans, et Aryeh, 6 ans. Il tuait ensuite Myriam Monsonégo, 8 ans, la fille du directeur de l'école.

 

Tous les représentants de la République au rendez-vous de cet hommage


Les autorités dévoilaient vers 10 heures la plaque de l’allée Monsonégo – Sandler, puis plantaient trois cyprès toscans et un magnolia sur la butte avant un chant interprété par la chorale des classes à horaires aménagés de l’école de Rangueil et le quatuor de violoncelles du Conservatoire. Venaient des témoignages, dont celui d’Ava Ouaknine, élève de terminale de l’école Ohr Torah. Et enfin les différentes prises de parole. Nicolas Sarkozy, très applaudi, avouait n'avoir jamais ressenti un tel effroi ce 19 mars 2012, parlant de "massacre des innocents" ; l'ancien chef de l'Etat continue de ne pas prononcer le nom du "barbare" qui a commis l'innommable. "La République ne doit pas se laisser marcher sur les pieds" concluera Nicolas Sarkozy dans un discours rappelant "la culture judéo-chrétienne de la France". Le maire Jean-Luc Moudenc, chaudement remercié par Samuel Sandler pour son initiative dans ce jardin Michelet - " Michelet, un Juste parmi les Nations" - dénonçait "la montée des extrémismes et en particulier de l'antisémitisme." Une parole reprise avec force par Franck Touboul.

 

Le coup de gueule du patron du Crif

Une fois passé son discours empreint d'émotion " je connais bien la famille Monsonégo, la petite Myriam était chez nous la veille de l'assassinat" ; le Président du Crif Toulouse Midi-Pyrénées (Conseil représentative des institutions juives de France) lançait un propos plus politique. Le responsable de la communauté juive de Toulouse s'est ému des départs toujours plus nombreux des juifs toulousains. Franck Touboul qui déclarait être "président d'une communauté dans une phase de déclin. Ici 90% des jeunes juifs de Terminale partent, ils ne projettent pas d'avenir en France".

Il appelle à un véritable plan Marshall "sinon on ira vers une République où il n'y aura plus de juifs". Le patron du Crif local demande des mesures fortes en terme d'éducation y compris des sanctions, "pour apprendre à accepter les religions de l'un et de l'autre". Il tire la sonnette d'alarme "je reloge souvent des familles parce que leur judaïsme est connu de leurs voisins. Mes rabbins sont régulièrement insultés. On leur crache dessus ! Ca ne vous rappelle pas des films et des documentaires ?" s'indigne Franck Touboul.  

 

Les chiffres chocs des actes antisémites en Haute-Garonne

Corollaire d'un constat inquiétant du Crif, les actes antisémites sont en plein boom en Haute-Garonne. Selon nos informations, 84 saisines judiciaires ont été enregistrées entre mars et avril, très majoritairement pour des actes anti-juifs en Haute-Garonne. Plusieurs dizaines de faits auraient été enregistrés depuis.

Dominique Alzéari n'entend pas laisser ces dérives impunies. Le Procureur de la République rappelle la mise en place par la Préfecture du comité opérationnel de lutte contre le racisme et l'antisémitisme (CORA). Il insiste également sur "la mise en place, en mars dernier, d'un GLTD" (Groupement local de traitement de la délinquance) spécialement dédié aux actes antisémites (et racistes). A Toulouse, "un procureur a d'ailleurs pour mission d'apporter une réponse judiciaire pour chaque fait avéré." Un bilan sera établi par l'autorité judiciaire d'ici la fin de l'année.   

 

Franck Touboul, le Président du Crif Toulouse Midi-Pyrénées.