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Affaire Jubillar. La reconstitution : les voisines de Delphine ont-elles pu entendre des "cris d’effroi" ?

Dossier 100%. On vous dévoile les auditions qui pourraient mener la reconstitution judiciaire, mardi, au-delà des limites de la propriété du couple Jubillar.   

11 décembre 2022 à 13h52 par Brice Vidal

 

Avant que les deux magistrates en charge de l’enquête sur la disparition de Delphine Jubillar ne bouclent leur instruction, la reconstitution judiciaire se tient mardi soir à partir de 20 heures à Cagnac-les-Mines. L’énigme ne sera probablement pas résolue mercredi matin vers 3 heures, lorsque les parties en auront terminé, mais un point des investigations va pouvoir être vérifié : les voisines qui ont expliqué avoir entendu des « cris d’effroi » vers 23 heures le 15 décembre 2020 ont-elles véritablement pu entendre quelque chose ? Eléments de réponse. 
  

Des cris d’effroi, aigües et continus

 

Entendues par les gendarmes dans un premier temps, deux femmes ont aussi été auditionnées par les juges d’instruction, Audrey Assemat et Coralyne Chartier le 11 janvier dernier. Selon un procès-verbal d’audition que nous avons pu consulter, Sonia* habite à environ 130 mètres à vol d’oiseau de la maison du couple Jubillar située au 19 rue Yves-Montand. Le 15 décembre vers 23 heures, elle affirme être sortie fumer une cigarette alors qu’elle regardait le film "Retour vers le futur 2", avant d’être rejointe par une proche.

Son témoignage est édifiant, « j’ai entendu des chiens qui aboyaient, en même temps que les cris [...] ils étaient nets [...] vraiment [...] pas des cris étouffés » . Elle affirme que les hurlements ont duré 5 à 10 minutes et venaient de sa droite, direction de la maison du couple Jubillar ; « je confirme que c’était des cris de femme, j’en suis absolument sûre. Ce qui m’a étonné c’est qu’il n’y avait pas de paroles, c’était des cris. Des cris d’effroi. J’y tiens. C’est vraiment le terme que j’emploie » ; quant aux aboiements « ils étaient en continu » [...] j’ai eu vraiment peur » explique Sonia qui indique avoir beaucoup culpabilisé de n’avoir ni prévenu les gendarmes, ni s’être déplacée ; « j’avais peur de me retrouver avec les chiens, de me faire mordre », « je suis trouillarde et je me suis protégée » concède-t-elle face aux juges. 

 

L’horodatage « colle »

 

Une jeune femme résidant avec Sonia a également été auditionnée, elle confirme ses dires, « je pense que c'étaient des chiens car un aboyait fort et un aboyait un peu moins fort. Après il y avait une voix aiguë, je ne sais pas si c'était un homme ou une femme, mais c'était une voix aiguë » et « elle criait, c'était un cri de peur. C'était un cri, pas des mots ». Ce que les enquêteurs appellent "l’horodatage" a été effectué. Selon les investigations de la Section de recherches, le dernier message de Delphine à son amant est envoyé via Snapchat le 15 décembre à 22h55. Et les enquêteurs, après avoir corréler l’audition de Sonia et le déroulé du film grâce aux éléments du diffuseur TF1, situent la pause cigarette du témoin et les cris entendus entre 23h et 23h07. Dans la maison des Jubillar, le petit Louis qui regarde le même soir l'émission "La France a un incroyable talent" indique avoir seulement vu une partie d’un sketch – avant de se coucher - qui intervient selon le diffuseur M6 entre 22h55 et 22h59. « II s'est donc couché avant la fin de la scène » précisent les gendarmes.

 

Une mise en situation déjà effectuée par les gendarmes

 

Les enquêteurs ont déjà effectué une levée de doutes quant à la possibilité d’entendre ces cris. « Les cris entendus de manière distincte par les deux femmes sont donc compatibles avec des faits pouvant s'être déroulés peu de temps après le dernier message envoyé par Delphine Jubillar » conclue une synthèse des enquêteurs qui, toujours selon une pièce de la procédure, ont effectué "un test de portée de voix" le 5 janvier 2021 sur un champ proche de l’habitation des Jubillar « le témoin […] entendra distinctement » et « indiquera aux enquêteurs que les cris […] dans le nuit du 15 au 16 décembre ne provenait pas de cette endroit mais émanés plus vers la zone haute, qu'il localise côté habitation du couple Jubillar » conclut le procès-verbal d’investigations auquel nous avons eu accès.

Reste à comprendre pourquoi les cris, vraisemblablement poussés en extérieur, ont été entendus à 130 mètres de l’habitation, mais pas dans le voisinage immédiat.  

 

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*Le prénom a été modifié 

Photo. Extérieur maison du couple Jubillar. © 100% Radio.