Affaire Jubillar - Ange Mullot suspect devenu témoin estime que "Cédric doit sortir de détention"
Un juge entendra ce jeudi Cédric Jubillar, détenu depuis un an pour homicide par conjoint, avant de décider de son éventuelle remise en liberté. Ange Mullot, toujours soupçonné par certains d’être complice de la disparition de Delphine, sort de son silence.
Publié : 8 juin 2022 à 14h55 par Brice Vidal
Air bravache et visage émacié, Ange Mullot n’est pas comme la kyrielle de témoins entendus par les enquêteurs de l’affaire Jubillar. Dans sa maison de la lointaine banlieue toulousaine près de l’A68, il stoppe notre véhicule main en avant. Et nous invite à prendre l’apéro « vous savez quand vous passez dans le quartier vous êtes filmés » sourit-il pensant que nous furetions. « Les gendarmes sont venus toute une journée, ils n’avaient jamais vu autant de matériels, ils ont pris tous les disques durs, mon téléphone portable est tracé » assure ce quinquagénaire qui se dit "Anonymous" et grenouille sur les réseaux sociaux en lien avec l’affaire Jubillar. Dans la cour de sa maison, une camionnette lui sert de "salle blanche" ordinateurs à l’intérieur et masques Anonymous exposés.
Une liasse de billet qui fait jazzer
Selon nos informations, son profil a intéressé les gendarmes de la Section de recherches de Toulouse au début de l’affaire. Et parmi les soutiens des proches de Delphine, les rumeurs vont bon train. Martine qui a échangé sur le groupe de discussion d’Ange Mullot affirme toujours « il n’est pas innocent dans cette histoire, j’en suis sûre et je ne suis pas la seule à le penser sans en avoir la preuve. On devrait fouiller plus, il a beaucoup échangé avec la mère de Cédric », le soupçonne-t-elle de complicité dans le recel du cadavre ? « Il y a eu un soir où Ange a dit qu’il savait que la mère de Cédric avait retiré 5000 euros sur son compte bancaire » et « deux jours plus tard il montrait fièrement, en visio sur son groupe, une liasse de billet correspondant à cette somme. »
L’intéressé balaye ces accusations : « je savais que des sommes étaient sorties puisque Cédric me l’a dit », « il avait des problèmes d’argent puisqu’il n’avait plus accès aux comptes ». A quoi ont servi ces sommes ? « Sur les réseaux je n’ai rien affirmé à propos de ces sommes : était-ce pour faire disparaître quelqu’un ou servir à autre chose », il rappelle que « Cédric avait des problèmes avec des drogués à Albi, il avait des dettes ». Ange Mullot a connu virtuellement Cédric Jubillar début janvier 2021, alors que l’affaire prenait une tournure criminelle, il n’a cessé de le défendre depuis, « je ne suis pas le pote de Cédric » souligne-t-il mais «il n’a rien à faire en prison, il n’y a pas assez de preuves concrètes et je soutiens un homme présumé innocent, peu importe ses défauts ».
Un personnage chargé par certains internautes et mis hors de cause par les enquêteurs
Verre de rosé bon marché à la main, l’ancien nomade à la vie de galère prétend avoir rencontré la famille de Delphine « ils sont venus ici et j’ai donné plein de choses pour les enfants », ce que conteste Martine « les enfants n’ont jamais rien eu, une cousine de Delphine est venue sur son groupe le traiter d’arnaqueur, elle était persuadée qu’il avait quelque chose à voir dans cette histoire ».
Rien dans l'enquête n’incrimine l’employé de grande surface ; « il a cherché la lumière avec cette histoire mais a été mis hors de cause » nous glisse une source proche de l’enquête. L’intéressé qui a reçu des menaces après s’être exposé de la sorte se défend, « j’ai détourné des fonds de l’Etat mais je suis incapable de faire de mal à une mouche, les gendarmes connaissent mon passé et ne me mettrons pas en garde à vue : je suis témoin » rappelle celui qui se dit « rebelle, opposé au système et à l'injustice » et « auteur de détournements » pour lesquels il a payé sa dette.
Cédric « un faible », Marco « un mytho »
Ce qui ne l’empêche pas de distribuer les bons et les mauvais points aux différents protagonistes de cette intrigue à tiroirs. L'ancien taulard, également ex-VSL de la gendarmerie selon ses dires, a contacté Séverine qui « en avait marre d’être salie sur les réseaux sociaux ». Me Jean-Baptiste Alary, l’avocat historique de Cédric Jubillar ? « Pas quelqu’un de droit, il ne porte pas ses c... et je lui ai dit ». Marco l’ex-détenu « qui se dit Corse » : « il a raconté beaucoup de mytho » car « Cédric, méfiant comme il est, ne se serait jamais confié, il a simplement voulu jouer le fort, se protéger parce que c’est un homme faible ». Les gens qui cherchent encore Delphine autour de Cagnac : des « robots », « n’ont-ils pas autre chose à faire qu’aller dans les bois parce que Marco l’a dit ? »
Cédric Jubillar, soupçonné du meurtre de son épouse Delphine, disparue dans la nuit du 15 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines sera entendu jeudi par le juge des libertés et de la détention. Lequel décidera de prolonger ou non la détention provisoire. Le parquet doit demander le huis clos. Cédric Jubillar, mis en examen pour homicide par conjoint depuis le 18 juin 2021, a vu ses demandes de mise en liberté refusées à quatre reprises.