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Affaire Estrabaud : "Je lui ai menti" affirme Jehanno confronté aux confidences de son codétenu

Incarcéré en même temps que l'accusé, Vincent G., imprécis, a expliqué à la cour ce mardi les aveux que lui aurait fait G. Jehanno. 

Publié : 16 novembre 2021 à 16h35 par Brice Vidal

 

Guerric Jehanno, condamné à 30 ans de réclusion criminelle en octobre 2020, est à nouveau jugé en appel à Toulouse. Le Tarnais nie avoir enlevé, violé et tué Amandine Estrabaud, une surveillante d'un lycée castrais, disparue le 18 juin 2013 près de Castres.

Ce mardi, un ancien co-détenu de l’accusé, Vincent G., était entendu. Le dossier repose en partie sur ses déclarations. Il a en effet écrit aux juges et aux enquêteurs indiquant que Guerric Jehanno lui a révélé comment il avait tué Amandine, « je ne sais pas si c’était pour se soulager ou se vanter » tempère le gitan au casier long comme le bras et qui espérait diminuer sa propre peine « juges et gendarmes m’ont mis la pression » expliquera-t-il dans un français difficilement compréhensible. 

 

« Si c’est écrit dans ma déposition, c’est que c’est vrai »

 

Selon les déclarations du codétenu, Jehanno aurait rejoint la victime « à l’arrière de sa maison », Amandine n’aurait pas souhaité aller boire un verre. Il l’aurait giflée, forcée à monter dans le fourgon avant de rouler en direction de Lacrouzette. Lors de son audition, il peine à se souvenir des détails divulgués pendant ses déclarations aux juges « si c’est écrit, c’est que c’est vrai » se contente-t-il de réaffirmer. Toujours selon ce témoin clé, Jehanno aurait « forcé » Amandine, lui aurait « donné un coup à l’arrière de la tête avec une clé à molette » avant de « l’enterrer à 1,50 m, 1,70m de profondeur ».

Jehanno aurait fait deux plans du lieu du crime à Gimenez. « Les gendarmes m’ont demandé de poser des questions précises. Mon fils était petit et je voulais sortir (en échange de ces informations). Pour un braquage j’aurais jamais dénoncé » se justifie-t-il « pour meurtre et viol c’est différent ». 

 

Gimenez harcelait-il l'accusé pour obtenir une remise de peine ?

 

« C’est lamentable » s’indignait la défense Me Cohen et Me Pibouleau qui tentaient d’affaiblir la version du gitan « vous a-t-on dit que c’était du donnant donnant si vous parliez ? On vous a dicté les questions ? » « Oui » affirmait le détenu laissant planer le doute sur la pureté de ses intentions. L'avocat général rappellera qu'aucune remise de peine, ni aménagement n'a été accordée au gitan multirécidiviste. 

Jehanno, hésitant et bedonnant, réaffirmait avoir menti pour que son co-détenu le laisse tranquille. « Il me harcelait » « il me répétait où tu l’as mis ? Si tu es là de toutes façons c’est que tu es coupable ». « Pourquoi autant de détails dans ses déclarations » questionne le président ? « J’ai tout inventé. Pour me vanter et faire le caïd ». Jehanno pointait encore l’attitude de Gimenez « en détention, il nous tapait avec Laurent Dejean pour qu’on parle » (condamné pour le meurtre de Patricia Bouchon) ; « mettez-le avec Jubillar il va vous résoudre l’affaire ». 

« Mais les plans du lieu où vous auriez enterré Amandine » taclait Me Guy Debuisson en partie civile, « vous avez nié en être l’auteur » et « vous l’avez enfin reconnu une fois l’expertise graphologique incontestable… »