Accord LFI / PS – L’inconfortable position du seul député socialiste de Haute-Garonne

 

N’allez pas lui dire qu’il est devenu un chantre du « en même temps » cher aux Macronistes. Joël Aviragnet, seul député socialiste de Haute-Garonne rescapé de la vague LREM de 2017, est dans une position politique très inconfortable depuis la Présidentielle. Le score famélique d’Anne Hidalgo lors du second tour (1,7%) a poussé le parti socialiste dans les bras du leader insoumis Jean-Luc Mélenchon qui a frôlé la qualification au second tour. Dans la Ve République, la Présidentielle légitime majorité comme opposition. 

Fort de ce constat, le premier secrétaire socialiste Olivier Faure compte bien sauver sa peau, position qui vue de Hollandie confine à « compromission plutôt que démission ». La social-démocratie n’a plus la cote à la direction du PS. Et les tenants de la ligne droitière du parti de Jaurès, comme la Présidente de la Région Occitanie, n’ont pas de mots assez durs pour qualifier le reniement que constitue un ralliement à LFI. La réélection de Joël Aviragnet serait pourtant quasi-acquise (prime au sortant) en cas d’alliance avec LFI, dans un territoire qui connaît une forte poussée de l’extrême-droite.

 

La flexibilité (politique) au détriment de la fidélité ?

En Occitanie, les députés socialistes étaient jusque-là raccords avec la ligne réformiste Delga, cette gauche d’exercice qui aime l’entreprise, « libérale » pestent les Mélenchonistes : Valérie Rabaud (qui affirme avoir refusé le poste de 1er ministre proposé par Emmanuel Macron), Gisèle Biémouret (qui ne se représente pas) et … Joël Aviragnet. L’ancien maire d’Encausse-les-Thermes a été naguère adoubé par la présidente de région la mieux élue de France.

Suppléant de la native de Martres-Tolosane, il devient député à sa place lorsqu'elle est nommée secrétaire d'État chargée du Commerce et de l'Artisanat. Et sera élu en 2017. Sauf que dans un territoire qui connaît une forte poussée de l’extrême-droite, en suivant la ligne politique de son mentor, il pourrait se marginaliser. Voire se retrouver face à un candidat d’une éventuelle Union des gauches LFI, PS, EELV, PC (non signée par le PS à l’heure où nous écrivons ces lignes). "Vous croyez vraiment que les tractations parisiennes intéressent les gens ?" s’emporte celui qui affirme ne s’intéresser "qu’à la situation des habitants du Comminges et du Savès et leur pouvoir d’achat" car "il y en a marre des projets faits par des Parisiens qui n’ont jamais mis les pieds dans la réalité du quotidien, moi je veux trouver des médecins pour ce territoire, sauver l’hôpital de Saint-Gaudens." Eloigné des positions de LFI sur l'économie, les affaires étrangères, l'incursion du religieux dans la sphère publique, Joël Aviragnet joue-t-il la carte de la flexibilité (politique) au détriment de la fidélité, dans une élection pourtant d’ampleur nationale ?

 

L’union avec LFI « quoi qu’il en coûte » ?

Il se dit favorable à un accord "global, cohérent et utile à la nation […] nous avons des convergences avec la France Insoumise sur le pouvoir d’achat" souligne celui qui maintient toutefois que "les lignes rouges ne doivent pas être franchies" : "sortie de l’Otan, non-respect des accords européens, livraison d’armes à l’Ukraine" ou entorse au principe de laïcité ; "j’ai entendu des députés LFI prendre des positions communautaristes, ce n’est pas acceptable en France". Et si Carole Delga reste très opposée au principe de discussion avec la France Insoumise "ce n’est pas ce que j’ai compris" répond, évasif, le parlementaire "les gens demandent l’union pour gagner, empêcher la politique actuelle du Président Macron, personne ne veut d’une retraite à 65 ou 67 ans" argumente-t-il. Joël Aviragnet, nouvel adepte du « en même temps » semble avoir compris que la suite de sa carrière politique se jouait dans les prochaines semaines.