10 ans de réclusion pour tentative d'infanticide sur son fils de 5 ans près de Saint-Gaudens
Christelle B. une Bigourdane de 45 ans avait attenté à ses jours et ceux de son enfant.
7 février 2022 à 21h48 par Brice Vidal
Une affaire pénible jugée depuis vendredi à Toulouse.
Une femme de 45 ans, Christelle B., comparaissait devant la Cour d’Assises de Haute-Garonne pour avoir tenté d’assassiner son fils. Le 1er décembre 2019 à Huos près de Saint-Gaudens (31), elle a projeté son véhicule à près de 80 km/h contre un arbre avec son enfant de 5 ans dans l’habitacle. L’accusée avait sciemment placé le petit sur le siège passager avant, désactivant même son airbag frontal. Les deux victimes avaient été très grièvement blessées, avec pronostics vitaux engagés.
L’accusée a été reconnue coupable de tentative d’homicide ce lundi, la Cour n’ayant pas retenu la préméditation. Elle a écopé de 10 ans de réclusion criminelle et 10 ans de suivi socio-judiciaire. Le ministère public avait requis 8 à 10 ans de réclusion criminelle et un suivi socio-judiciaire de 10 ans pour tentative d’assassinat.
Une forme de « raptus » anxieux a-t-il aboli son discernement ?
Avant les faits, l’accusée avait envoyé un texto lapidaire à son compagnon duquel elle se séparait : « on ne peut pas vivre sans toi, la grosse et ton fils te disent adieu ». La mère de famille, désespérée, venait d’apprendre que son compagnon et père de son enfant la quittait pour vivre avec sa secrétaire. Dans le box, cette laborantine qui a reconnu les faits est « tassée », elle semble se cacher derrière une mèche de cheveux et ne jettera pas un coup d’œil à son compagnon quand ce dernier s’exprimera à la barre.
Elle est décrite par les experts comme « dépressive, introvertie, triste » ayant « souffert de harcèlement en raison de son embonpoint ». Pour ces mêmes experts, l’accusée n’a « pas de maladie névrotique, ni psychotique » mais « la séparation a été un séisme » et « elle a connu un raptus anxieux d’ordre comportemental, n’acceptant pas d’être remplacée ». Les témoins cités par la défense se succédaient vendredi pour décrire à l’inverse une accusée à l’inverse « bonne camarade », « vaillante » et même « joyeuse ».
Pour la défense, Christelle B. a fait une tentative de suicide mais « sa construction psychique était tellement particulière qu’elle n’a pas su réaliser que son fils était une personne à part entière » expliquait Me Apollinaire Legros-Gimbert, « qu’on ne nous parle de crime ! Elle a voulu se suicider, peut-on penser que c’est un choix, alors que notre cliente n’était plus tout à fait elle-même ? » abondait sa consoeur Me Ravyn Issa.
« Une détermination macabre » selon la partie civile
Le père de l’enfant, veut qu’on reconnaisse que son fils « a été victime de l’auteure de ses jours, sa mère » expliquait son conseil Me Carbon de Sèze pour la partie civile, « on n’échappe pas par des subterfuges à la responsabilité réelle qu’a Christelle B., elle a tout fait pour tuer son fils ». Le père de l’enfant témoignera des séquelles du garçonnet qui a « une plaque dans le dos, un handicap à la jambe, des problèmes digestifs au point de vomir presque tous les matins ». L’autre avocat de la partie civile, Me Catherine Mouniélou, se disait « sidérée » car « il n’y a jamais eu d’excuse de Mme B. »
Dans le box, Christelle en larmes, dira « se détester » et avouera ne pas avoir pu envisager de vivre hors de son cocon familial, avec « son premier amour », « seul homme qu’elle a connu ». « Je voulais que ça s’arrête » dira-t-elle. « Quoi ? » demande la présidente Hélène Ratinaud, « l’enfer que je vivais » et « mon fils faisait partie de moi » répondra l’accusée. Elle promettait de « continuer les soins » ayant compris désormais que son enfant était « une personne à part entière ». Ce fils « le seul à l’aimer sans condition » explique cette femme s’estimant moquée depuis toujours en raison de son surpoids. Paradoxe soulevé par son avocate Me Issa, elle a passé la ceinture de sécurité au petit avant son funeste geste « pour qu’il soit en sécurité » murmure-t-elle face aux jurés.
8 à 10 ans requis par l’avocate générale lors d’une audience chargée émotionnellement
« Ni le désespoir ni la colère ne caractérise une altération du discernement » et « elle a fait un choix d’amener son fils dans la mort » tancera l’avocate général Marie Regnier Pellat, qui demandait 8 à 10 ans de réclusion criminelle et un suivi socio-judiciaire de 10 ans avec injonction de soins.
Me Ravyn Issa dans sa plaidoirie exhortait sa cliente « à enfin s’aimer et se pardonner », « les mots peuvent tuer, pendant des années les mots ont tué […] la "petite grosse" du collège qui n’a jamais su se confier, pas même à sa propre mère » tentait d’attendrir son confrère en défense Me Apollinaire Legros-Gimbert demandant « une personnalisation de la sanction » pour cette femme « incarcérée depuis 26 mois » « sans antécédents judiciaire », « qui a toujours travaillé » et « se soigne » désormais. La cour n'a pas entendu ces arguments. Me Ravyn Issa, a décrit sa cliente comme "anéantie" après le verdict, n'excluant pas d'interjeter appel.