Grottes de Gargas. Et si vous plongiez dans les entrailles de la terre à 1 heure de Toulouse ?

L’Occitanie étouffe sous la canicule, oscillant entre alerte rouge et orange. Alors, sous une quarantaine de degrés à l’ombre, on vous propose une balade à la fraîche. Dans un souterrain où règne une atmosphère à 11 degrés, été comme hiver. A Aventignan (65), près de Montréjeau, vous pouvez visiter un des joyaux de l’art préhistorique : il y a 28 000 ans, les premiers hommes laissaient leurs empreintes dans les grottes de Gargas. Une plongée, au frais, dans les entrailles de la terre.

11 degrés à 40 mètres sous terre

« Vous allez voir, c’est 11 degrés juste derrière la porte : ça va faire pschitt » rigole le guide, Nicolas Ferrer s’amuse avec les 25 visiteurs en sueur à l’entrée du site connu depuis le XVIe siècle. A l’intérieur : des concrétions magnifiques, des dessins de nos ancêtres dans des endroits stratégiques de la grotte « comme un langage silencieux que ces gens auraient mis en pratique ici, peut-être des repères ». Dans la cavité, tous les sens sont en éveil, y compris l’ouïe « quand vous marchez seul dans une grotte, l’écho de vos pas est quelque chose d’extraordinaire » explique ce passionné avant de pousser un cri rebondissant sur les parois. Pour le test.

Le réchauffement climatique a aussi un effet sur les grottes

Outre les gravures et dessins d’animaux – aurochs, rennes, mammouth, Gargas est connue pour le nombre de peinture de mains, pochoirs réalisés à l’ocre ou l’oxyde de manganèse ; 231 en tout « c’est 40% de toutes les peintures de mains connues dans la préhistoire européenne » et « ça fait des choses, ce n’est pas le même frisson de le regarder 27 000 après » ; d’autant qu'« ils sont venus dessiner au fond de la grotte et ce n’est pas logique, pourquoi cette prise de risque ? » questionne le guide. Sur les 231 mains, seulement 17 sont entières, maladie ? Mutilations ? « Aujourd’hui les scientifiques sont tous d’accord pour dire que les doigts sont pliés au moment du pochoir » raconte Nicolas Ferrer.

La visite de Gargas est un moment hors du temps mais pas dans un univers immaculé. A 40 mètres de profondeur, la grotte souffre aussi du réchauffement climatique. Elle fait d’ailleurs partie d’un programme d’études ; « il y a plein d'appareils de mesures et on a pris un demi-degré de plus dans les deux galeries de Gargas en 10 ans, il y a du ruissellement l’hiver mais ça n’a rien à voir avec le début des années 2000 ».

22 000 visiteurs se pressent chaque année, 50 minutes chrono la visite ; pour ne pas abîmer le site, propriété de la commune d'Aventignan et géré par la communauté de communes Neste-Barousse.