Enquête 100%. Tensions à Saint-Martin-du-Touch : des squatteurs pillent le quartier, les riverains s’indignent, les associations crient au racisme
Pas un jour sans que des cambrioleurs rentrent dans les habitations et les jardins à Saint-Martin-du-Touch. L’exaspération est à son comble. La mairie de Toulouse organise une réunion mercredi. Reportage.
La rue Velasquez à Saint-Martin-du-Touch
Crédit : @100%Radio
13 juin 2023 à 15h49 par Brice Vidal
Des habitants de Saint-Martin-du-Touch au bord de la crise de nerfs. Dans le secteur de la rue Velasquez, les cambriolages se multiplient depuis quatre mois. En cause selon plusieurs riverains : un squat à proximité et un hôtel abritant des demandeurs d’asile.
Pillage systématique : les riverains ne laissent plus rien dehors
La situation est dégradée et la population ne se sent plus en sécurité dans ce secteur réputé chic de l’ouest toulousain. Notre enquête de voisinage nous a menée à sonner à plusieurs portes au hasard, et de manière assez surprenante chacun de nos interlocuteurs a eu à connaître la désagréable visite de cambrioleurs ; « dimanche on s’est fait voler le bac à poubelles, ils s’en servent comme caddie pour trimballer les objets volés, mon voisin s’est fait piller son local, voyez mon robot de piscine maintenant je le rentre », réflexe récent d’Alexandre, CSP+ au look de surfer. « On voit beaucoup de gens du squat qui passent, évidemment on les soupçonne » sourit-il, conscient de la misère qui règne là-bas « il y a aussi des familles tranquilles, mais probablement des personnes plus malveillantes. »
Dans le quartier, les riverains ne laissent plus rien dans les jardins pour éviter de se faire rapiner. Serge, quadragénaire, est propriétaire de plusieurs locaux rue Velasquez ; « il y a une certaine insécurité, je vais faire construire un portail pour fermer l’impasse » après que ses locataires se soient plains de multiples vols. « C’est triste cette misère » tranche-t-il, comme Eleonore, mère de famille pour qui « il faudrait plus de dialogue avec les associations qui accompagnent les squatteurs, à la place on a reçu un tract nous accusant quasiment de fascisme » regrette-t-elle alors que « des fois j’ai peur ». Des sans-papiers de l’hôtel sont déjà venus « dégrader ma piscine. »
Des associations trop politiques ?
Le tract des associations censés gérer le squat « Victoria Center » – dont Médecins du Monde – a mis le feu aux poudres, des habitants le vive comme un affront. Le message crie au racisme d'Etat et ne fait jamais mention de l'insécurité induite par la centaine de demandeurs d'asile SDF, tolérez d’être pillés sans réagir chers bourgeois, ce n’est que juste redistribution ? Dur à avaler alors qu’Eléonore concède que « certains dans ces squatteurs veulent se réinsérer normalement, ça ne fait aucun doute ». Mais une minorité abimerait le vivre-ensemble et les associations verseraient dans une hypocrisie militante contestable. « C’est incroyable, je me demande parfois si des associations ne sont pas complices des voleurs » s’indigne le maire de quartier Jean-Jacques Bolzan qui veut « une expulsion » car « ils pillent le quartier », « l’Etat doit intervenir, accompagner les familles dans le besoin et interpeller les voleurs, l’autre jour il y a eu une bagarre à coups de machettes » se souvient-il.
« Il y a des fous, beaucoup de dérangés » concède un occupant du Victoria Center
Ibrahima*, Guinéen, fait partie de la centaine de squatteurs du bâtiment « Victoria Center ». La plupart venue du Maghreb et d'Afrique subsaharienne. Il reconnaît à demi-mot que certains squatteurs sont des délinquants. Et il en a peur ; « il y a des fous, beaucoup de dérangés et de soulards, oui j’ai peur de vivre là-bas mais je n’ai pas le choix ; je sors la journée pour faire mon programme et ensuite je reste dans ma chambre là-bas. » Adijoké, mère de famille venue du Nigeria, ne se sent pas concernée par la problématique « je ne sais rien à propos de ces vols, je suis venue il y a quelques mois et maintenant je dois trouver un appartement » explique-t-elle accompagnée de sa fille de 8 ans. Sur les réseaux sociaux, la colère gronde et la mairie de Toulouse organise une réunion ce mercredi 14 août 2023 pour tenter de trouver des solutions. La Direction départementale de la sécurité publique de Haute-Garonne n'a pas souhaité commenter nos informations.
*Le prénom a été changé
Le squat "Victoria Center"
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Le tract des associations aidant les migrants
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