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Emeutes à Toulouse. Le Mirail s’est embrasé après la mort de Nahel

Nuit rouge ce mercredi soir notamment à la Reynerie où des jeunes ont affronté les forces de l’ordre pendant plusieurs heures.

Emeutes mercredi soir au Mirail.

Crédit : @100%Radio

28 juin 2023 à 22h17 par Brice Vidal

Et Toulouse aussi s’est embrasé. Des tensions et des affrontements ont commencé à Nanterre, Bordeaux et d’autres ville de France dans la nuit de mardi à mercredi, Toulouse a attendu le lendemain. Nahel jeune automobiliste de 17 ans a été tué par un policier à Nanterre en raison d'un refus d'obtempérer, le fonctionnaire a été placé en garde à vue.


 


Un rassemblement à l'appel de groupuscules d'ultra-gauche 


Soufflant sur les braises du malheur, les groupuscules d’ultra-gauche solidement implantés dans la Ville rose appelaient mercredi soir sur leurs réseaux à un rassemblement contre les violences policières « Pour Naël, tous rdv à la Reynerie » place André Abbal « ça va durer toute la soirée » promettaient-ils. Des sources policières nous indiquaient que « tous les effectifs disponibles étaient dirigés vers la Reynerie » où la tension montait subitement vers 19 heures. Un incendie criminel était allumé à proximité de la mairie annexe. Entre 100 et 200 jeunes faisaient face aux forces de l’ordre venues protéger l’intervention des pompiers. La force publique était caillassée et répondait à coup de grenades lacrymogènes. Dans le ciel, un hélicoptère du détachement aérien de la gendarmerie (DAG 31) surveillait le secteur, autour de la rue Germaine Peyroles. Au sol : des émeutiers, la police et des habitants qui ne prenaient pas part aux échauffourées. D’autres encore, comme au spectacle, étaient installés sur des chaises de camping, chambrant les policiers qui vers 21 heures se repliaient momentanément. 


 


 « ça peut arriver à mon fils, on n'est pas en sécurité » 


« Je dormais car je travaille tôt le matin, c’est mon fils qui m’a réveillé, j’ai vu que ça pétait de partout, ça casse un peu les c... » ; « mais je peux comprendre » car « quand la police tue des gens pour un défaut de permis c’est juste pas possible, tout le monde à la haine, ça peut arriver à mon fils, on n'est pas en sécurité au final » expliquait un trentenaire descendu de son appartement. Au sein des émeutiers, certains n’étaient pas originaires du quartier et venaient flairer l’odeur du sang « j’habite Compans » affirmait Xavier* « je suis anarchiste et je suis venu pour défendre mes valeurs »  « peur que ça puisse blesser des gens ? Non ils sont avertis, il y a le bruit et les pétards et puis il y a la solidarité lorsque quelqu'un est blessé » ; « la police a tué un chien et l’a jeté dans l’eau c’est scandaleux » ajoutait le jeune imberbe, tout juste sorti de l’adolescence. « Je ne suis pas de ce quartier mais de Colomiers, je suis venu acheter un peu de cannabis, j’ai la quarantaine donc j’y vais pas, mais je suis solidaire, je les encourage : on ne tue pas des gens comme ça, j’espère que ça va péter encore plus. Les voitures brûlées ? On est en France il y a des assurances » lâchait Adel*. Dans le quartier la majorité des habitants restait dans leurs appartements et constatait les dégâts de leurs balcons. Le Directeur départemental de la sécurité publique et la direction du cabinet de la préfecture étaient sur les lieux en milieu de soirée. Des sources policières faisaient mention de feux, caillassages et tirs de mortiers d'artifice également dans le quartier Bagatelle entre 22h et 23h. Selon nos informations, une dizaine d'arrestations avaient été enregistrées entre 19 heures et 22 heures.


 


La réaction du maire de Toulouse


 Jean-Luc Moudenc réagissait par communiqué vers 23 heures, "alors que les incendies de véhicules et de mobilier urbain sont circonscrits et que les forces de l’ordre sont encore sur place pour accompagner le retour au calme, j’en appelle à la responsabilité de chacun. Nous souhaitons tous que la lumière soit faite sur les circonstances du décès du jeune Naël, mais laisser prise à la violence et attiser les colères, qui plus est dans cette période de forte tension ambiante, ne permettra jamais de faire apparaître la vérité."


 


Communiqué de la préfecture actualisé ce jeudi matin



  • 14 interpellations,

  • 27 véhicules brûlés (dont deux minipelles, 1 scooter et 1 camionnette),

  • Une caméra détruite,

  • Une trentaine d’incendies de containers poubelles, dont un a occasionné des dégradations légères de l’entrée de la maison de quartier Mimosas à Blagnac.


"Le préfet condamne ces actes de violence qui sont injustifiables, quel que soit le contexte, et remercie les forces de sécurité et de secours qui ont été mobilisées." Quatre blessés légers parmi les forces de l’ordre sont à déplorer et il a été fait usage d’une arme sur un chien dangereux


 


* Les prénoms ont été changés à la demande des interlocuteurs.


 

Titre :Un habitant de la Reynerie

Crédit :@100%Radio

Un habitant de la Reynerie