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700 000 euros de subventions municipales détournés à Toulouse : accro au crack, le responsable du CLAE "donnait de l’argent pour lécher les pieds"

Drogue et luxure ont précipité la chute du responsable associatif. Olivier Z. et 8 autres prévenus sont jugés ce lundi 18 septembre 2023 à Toulouse. Mais comment 700 000 euros ont pu disparaître ainsi ?

illustration - drogue

Crédit : @Adobe

18 septembre 2023 à 12h13 par Brice Vidal

 


« Comment expliquez-vous qu’il y ait autant d’argent de détourné » tonne la présidente du tribunal en interrogeant Olivier Z. A-t-il eu affaire à des sangsues, des dealers qui ont profité de sa faiblesse. L'ancien président de l'association toulousaine Atoll Loisirs, ex-accro à la drogue, a dû mal à s’imposer et à s’expliquer sur les faits de blanchiment et d’abus de confiance qui lui sont reprochés. Entre janvier 2018 et avril 2020, il est notamment chargé de l’accueil périscolaire de l’école Fabre à Toulouse, le quinquagénaire va effectuer plusieurs virements frauduleux sur des comptes bancaires. Certains comptes sont ouverts sous de faux nom, d’autres sont des comptes personnels. L’argent transite puis est retiré en liquide. Le titulaire prend une commission de 10%. 242 000 euros par-ci, 130 000 euros par-là : il disperse les fonds. Les montants donnent le tournis. 


 


Un responsable associatif toxicomane et en récidive de détournement


La formation économique et financière du tribunal correctionnel de Toulouse juge, ce lundi, neuf hommes. En tout, 680 000 euros se sont évanouis, c’est le commissaire aux comptes de l’association Atoll Loisirs qui a fait un signalement au parquet, lequel a saisi la division financière de la police judiciaire (DTPJ). Olivier Z. fonctionnaire territorial à la mairie de Toulouse – il est suspendu avec rémunération maintenue – a déjà été condamné en 2017 pour des faits de détournements de fonds. « Pourquoi êtes-vous resté président » questionnera le tribunal « on manquait de bénévoles et je connaissais les arcanes » répond l’intéressé.


 


Achat de crack "free base" et faveurs sexuelles lors de soirées entre hommes


Difficile de savoir précisément à quoi servait l’argent : la drogue, des faveurs sexuelles, du vin – un ancien négociant du marché Victor Hugo comparait aussi. Comment 700 000 euros ont pu disparaitre ? L’association Atoll bénéficiait d’une trésorerie confortable (860 000 euros). Le reste s’explique probablement par la descente aux enfers d’Olivier Z. « je consommais du crack, de la free base » raconte-t-il à l’audience. Des fêtes sont organisées chez lui le week-end. L’entourage a-t-il cru avoir trouvé la poule aux œufs d’or ? « Ils s’invitaient chez moi avec du produit, me fournissaient et me faisaient consommer » ; « dans ces soirées personne ne s’amusait, j’étais le seul à consommer de la drogue avec Sébastien G. » Abus de faiblesse ? Les prévenus qui ont encaissé l’argent de la mairie sur leurs comptes affirment que le deal était plus de nature sexuelle « il donnait des sous pour lécher les pieds » dira l’un d’eux ; « il était content de voir un homme torse nu et faisait des virements, c’était devenu un jeu » se justifiera un vigile qui a dilapidé 60 000 euros à lui seul. L'argent transitait parfois sur des comptes basés en Allemagne... 


 


Les avocats dénoncent des investigations insuffisantes 


L’avocate d’Olivier Z., Me Sarah Nabet-Claverie, estime que le dossier aurait mérité de plus amples investigations « mon client explique ce qu’a été sa descente aux enfers, il a subi des extorsions, ils l’ont contraint à faire des virements, puis pris le contrôle de son ordinateur pour les faire eux-mêmes, il a déposé plainte mais le parquet n’a pas souhaité poursuivre […] a priori un réseau de blanchiment a été créé par certains des individus présents aujourd’hui » sauf qu’il ne sont pas poursuivis pour le volet stupéfiant, alors selon le conseil « ce dossier aurait mérité d’être confié à un juge d’instruction qui aurait mené des confrontations. » Ce dossier « s'est arrêté à une expertise comptable » renchérit Me Pierre Le Bonjour. « Il n'y a aucun élément de contexte dans ce dossier, personne n'a fait le boulot, il n'y a que des investigations financières » confirme Me Jessica Guy.A l'issue de l'audience, le parquet a requis 3 ans de prison ferme contre le principal prévenu. Pour les autres impliqués dans ce dossier, des peines allant de 4 mois avec sursis à 1 an ferme ont été demandé. Un mandat d'arrêt à l'encontre de l'un des prévenus, soupçonné d'être le fournisseur de crack et absent de l'audience, a aussi été requis. Le tribunal rendra son délibéré le 16 octobre prochain.


 


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