Alex Batty. Enquête sur sa vie dans le village audois de Camps-sur-l'Agly

L'adolescent, enlevé par sa mère en 2017, a enfin retrouvé sa grand-mère ce week-end. Nous nous sommes rendu à Camps-sur-l'Agly (Aude), le village qu'il a quitté avant d'entamer son périple sur les routes audoises et ariégeoises et qui a mené à cet heureux dénouement.

Le gîte de la Bastide, à Camps-sur-l'Agly, où le jeune Alex Batty, alors appelé Zach, résidait
Le gîte de la Bastide, à Camps-sur-l'Agly, où le jeune Alex Batty, alors appelé Zach, résidait
Crédit : © 100% Radio - Jacques Déjean

18 décembre 2023 à 12h25 par Marion Chouly

C’est probablement l’épilogue de cette incroyable affaire qui a tenu en haleine l’Angleterre et l’Occitanie. Le jeune Alex Batty a pu retrouver sa grand-mère ce week-end. Enlevé par sa mère en 2017, il a disparu pendant 6 ans après avoir été baladé dans des communautés nomades entre le Maroc puis l’Aude et les Pyrénées-Orientales… Une sorte de secte.

Mercredi dernier, le 13 décembre 2023, un livreur l’a pris en stop en Ariège alors qu’il errait en bord de route, avant de le mener aux gendarmes dans le Lauragais, près de Revel. Il venait de marcher pendant quatre nuits, dormant le jour.

On a retrouvé le gîte de la Bastide où le jeune anglais a séjourné avec sa mère, épisodiquement, et son grand-père, probablement décédé aujourd'hui. Le Pech de Bugarach, le plus haut sommet des Corbières, domine ce gîte situé à quelques centaines de mètres du village de Camps-sur-l'Agly, dans le sud de l'Aude. Ici, Alex Batty était connu sous le nom de Zach, "un très gentil garçon, plein de vie, grand garçon" nous raconte la maire du village, Rolande Alibert, 76 ans. "Et puis il allait au jardin, il aidait son grand-père, il regardait aussi beaucoup l'ordinateur qu’ils avaient installé" poursuit-elle. "Zach venait quelquefois au village pour récupérer des pizzas qu’un habitant confectionne, pour rendre service, mais il ne s’attardait pas", nous dit-on également.

Rolande Alibert, 76 ans, maire de Camps-sur-l'Agly (Aude)
Rolande Alibert, 76 ans, maire de Camps-sur-l'Agly (Aude)
Crédit : © 100% Radio

"Nous ne sommes pas une communauté spirituelle"

 

Les propriétaires du gîte de la Bastide, un couple de Belges, Frédéric Hambye et Ingrid Beauve, semblent contrariés par cette histoire et inquiets par ce que la presse raconte. Ils craignent que cela ne pèse sur leur affaire et que les tour-opérateurs ne les délaissent.

Dans un communiqué de presse, ils expliquent clairement que le gîte "existe depuis près de 30 ans et accueille des touristes, mais aussi des randonneurs à pied, à cheval et à vélo le long du GR 367 (sentier cathare), des groupes à l'occasion de fêtes de famille ou d'associations, des séminaires et des événements culturels à portée locale [...] nous ne sommes pas une communauté spirituelle."

Ils donnent aussi des détails sur la vie d'Alex Batty, alors appelé "Zach", auprès d'eux, "arrivé dans notre gîte pour la première fois fin de l'automne 2021, à l'époque accompagné de son grand-père et de sa mère." En échange de quelques services au sein du gîte, "jardin, aide en cuisine", l'adolescent était logé et nourrit, "une formule type "Work Away"". Il occupait une chambre "pour lui seul" et avait un accès illimité à internet, "totalement libre d'aller et de venir".

Le couple de gérants explique qu'il était "soigneux et avait à cœur de participer à la vie du gîte quand il était là. Il nous accompagnait souvent au marché le dimanche pour s'acheter un bagnat au thon et participait à notre vie de famille."

Toujours selon eux, Alex Batty aurait séjourné à plusieurs reprises dans leur gîte, "durant certaines périodes plus ou moins longues". "Nous n'avions pas beaucoup de contacts avec sa mère et elle n'a jamais habité au gîte de la Bastide. À ce que l'on sait, elle cherchait un lieu de vie collectif. La Bastide n'a pas cette ambition."

Le couple affirme enfin qu'Alex Batty "était avide de se scolariser et de retrouver une vie normale", ce qui était rendu impossible du fait qu'il n'ait plus sa pièce d'identité en sa possession. Ils lui auraient donc proposé de le conduire au Consulat du Royaume-Uni, "il nous a dit qu'il trouverait un moyen de retourner au Royaume-Uni par ses propres moyens [...] dans cet objectif nous a-t-il dit, il est reparti dimanche 17 décembre rejoindre sa mère. Nous lui avons répété qu'il serait toujours le bienvenu et qu'en cas de besoin, nous étions là pour l'aider. La suite, ainsi que son vrai nom, nous l'avons découvert dans la presse".