400 000 mégots ramassés à Toulouse : L’association Champ d’actions alerte sur un fléau sanitaire et environnemental
L’association Champ d’actions a fait le bilan de sa dernière opération “ramasse ton mégot”. Au total, plus de 400 000 mégots ont été récupérés dans les quartiers toulousains. Un chiffre qui fait froid dans le dos.
Publié : 9 décembre 2024 à 16h02 par Luc Salles-Cazaux
C’est un triste record que l’association toulousaine Champ d’actions aurait préféré ne jamais battre. L’opération “ramasse ton mégot” du 16 octobre 2024 a rassemblé 700 bénévoles. Durant deux heures, ils ont sillonné les quartiers de la Ville rose pour ramasser un nombre effarant de mégots : 400 000. “On aurait pu continuer pendant des heures. Au bout d’un moment, on a arrêté de compter, témoigne Florence Ducroquetz, présidente de Champ d’actions. On ne sait pas quoi faire face à un chiffre aussi extraordinaire”. Juste avant cette septième édition, l’association qui agit pour la protection des berges de la Garonne espérait en récolter moins qu’en 2023 (quand le total s’était porté à 370 000). C’est raté.
Cibler les quartiers les plus pollués
Cette année, l’association a multiplié les partenariats (Le mois sans tabac, Inserm, CHU, Unis Cité…). L’idée était de “sensibiliser beaucoup plus de personnes” en couvrant davantage de quartiers, selon la présidente. Cette opération de grande envergure a permis de cartographier les “hotspots” à Toulouse. Ce sont les endroits où la concentration en mégots au sol est particulièrement importante. Les quartiers Bellefontaine, Reynerie et Mirail sont les plus touchés. En tête du classement pour la septième année consécutive : la place de la Maourine à Borderouge. Les bénévoles ont ramassé 26 000 mégots, véritables “bombes atomiques” près des évacuations des eaux de pluie. “C’est précisément l’endroit où ils ne devraient pas être”, poursuit l’activiste.
Un seul mégot pollue 500 litres d'eau (potable)
Une fois tombés dans ces récupérateurs d’eau qui se déversent dans la Garonne, il est déjà trop tard. “Vingt-sept minutes suffisent pour que les 2500 substances toxiques (dont 70 sont des cancérigènes avérés, selon l’Institut national du cancer) se retrouvent dans notre eau potable”. Au-delà de l’impact évident sur les écosystèmes, (un seul mégot pollue 500 litres d’eau d’après TchaoMégot) “c’est un véritable problème de santé publique, estime la présidente de Champ d’actions. L’eau qu’on boit provient de la Garonne. A chaque fois qu’on en boit, qu’on fait cuire des pâtes, qu’on se douche, on se retrouve avec ces molécules qui adorent s’infiltrer dans notre corps”.
Toulouse Métropole et Tisséo, acteurs incontournables
Afin de lutter contre ces incivilités nocives à court et long termes, l’association fait appel à la responsabilité de Tisséo. L’entreprise chargée des transports à Toulouse attire un tiers des mégots près de ses infrastructures. “Tisséo transporte un demi-million de personnes chaque jour. Il faut réinstaller massivement des cendriers visibles et appropriés aux arrêts de tram, bus et de métro”, martèle la présidente. Quelques heures après la publication des résultats, l’entreprise a annoncé faire “remonter au service en charge de l’aménagement”. Florence Ducroquetz compte également sur Toulouse Métropole pour mener le combat : “On s’entend bien avec le service de sensibilisation. Nettoyer le Capitole de long en large c’est bien mais les hotspots ne sont pas là. On leur a remis cette cartographie avec l’objectif en 2025 de ne plus déplacer la barre des 20 000. Avant l’an dernier ça n’était jamais arrivé.”
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