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Urgence dans la rue à Perpignan: "Ils préfèrent rester dehors se droguer et dormir dans des paliers"

Une marche blanche a eu lieu ce mercredi à Perpignan après le suicide d'un sans-abri ce week-end. L'occasion de dénoncer les nombreuses problématiques qui sévissent dans la rue aujourd'hui. Témoignages. 

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27 octobre 2021 à 18h03 par John Bourgeois


Manque de places dans les centres d’hébergement, la toxycomanie et la violence qui sévissent... les problématiques de la rue sont ressorties au grand jour ce mercredi 27 novembre à Perpignan, et ce à l’occasion d’une marche blanche dans la ville. Elle a été organisée par l’association "Au Cœur de l’Humanité 66", après la mort de deux sans-abris en ce mois d'octobre, Stanislas et Othmane. Le premier de 20 ans est vraisemblablement décédé d'une overdose au début du mois. Le second, un homme d’une trentaine d’années, lui s’est pendu dans la nuit de samedi à dimanche dernier derrière les locaux de la Croix-Rouge de Perpignan.

"Perpignan est une ville de toxicomanes"

Si les circonstances du décès d'Othmane sont encore floues et difficilement explicables aujourd'hui, ce drame révèle en tout cas une nouvelle fois les difficultés accrues des sans-abris perpignanais. À 19 ans, Estelle a quitté Limoges il y a 4 mois pour rejoindre les Pyrénées-Orientales avec son copain, avant de se retrouver à la rue à Perpignan, puis de trouver une place dans un centre d’hébergement de la Croix-Rouge. Elle témoigne aujourd’hui. "Je viens juste d'arriver et je suis déjà dégoutée de cette ville, par rapport à tout ce qu'il se passe."

En quelques semaines, Estelle a pu constater l'urgence de la situation à Perpignan. "Sincèrement, Perpignan est une ville de toxicomanes et de cachetonnés. La plupart c'est ça. S'il n'y avait pas mon copain, je ne me sentirais pas en sécurité. Il y a des fois, j'ai envie de retourner à Limoges, mais je ne le fais pas car j'essaie de faire le maximum pour trouver du travail", confie la jeune sans-abri, mobilisée ce mercredi après-midi pour Othmane, un homme "gentil" qu'elle avait rencontré au centre d'hébergement de la Croix-Rouge.

Comme plusieurs autres sans-abris, elles pensent que l'organisme doit "faire plus d'efforts" dans l'accueil de toutes ces vies brisées. "Il faudrait des éducateurs de rue qui s'occupent des personnes qui se droguent, pour les aider à s’en sortir", ajoute-t-elle. 
 

Estelle, jeune sans-abri à Perpignan (elle explique sa présence pour la marche blanche)
Estelle, jeune sans-abri à Perpignan (elle témoigne de ce qu'elle constate dans la rue)


"Il manque des lits"

Les membres de l'association Au Coeur de l'Humanité 66 témoignaient également ce mercredi des situations qu'ils vivent au quotidien. Drogue, violence, de nombreuses problématiques auxquelles s'ajoutent le manque de places dans les centres d'hébergement d'urgence. "Il manque des lits à la Croix-Rouge de Perpignan, sachant qu'à Saint-Assiscle, ils sont assis sur des chaises, donc ils dorment sur une chaise", s'indigne Flora Rojel, présidente de l'association qui parle aujourd'hui d'effet "boule de neige".

"Du coup, au lieu de se réfugier à la Croix-Rouge et d'être aidés à sortir de tout ça, ils se retrouvent dans la rue tous les jours, sans argent, à manger des choses dégueulasses. Et malheureusement, ils essaient de se débrouiller comme ils peuvent." Cela veut dire concrètement qu'il tombe dans l'addiction selon Flora Rojel. "On arrive à ce que les gamins préfèrent rester dehors se droguer, et dormir dans des paliers , plutôt que d'aller dormir sur des chaises", déplore-t-elle. L'association a voulu faire part de ces témoignages à la préfecture des Pyrénées-Orientales, sans réponse pour l'instant.  De son côté, la délégation départementale de la Croix-Rouge n'a toujours pas souhaité répondre à nos sollicitations. 
 

Flora Rojel, présidente de l'association Au Coeur de l'Humanité 66
Simon, un Perpignanais mobilisé pour la marche blanche