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Toulouse : qui est Sophie Masala, la démembreuse du Canal ?

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20 octobre 2019 à 12h00 par Brice Vidal

La quinquagénaire sera jugée cette semaine par la Cour d'Assises de Haute-Garonne.

 

Elle est accusée d'avoir tué et démembré sa collègue de travail à Toulouse, entre le 12 et le 17 mai 2016. Sophie Masala aurait accumulé pour des raisons, que le procès de cette semaine tentera de comprendre une rancoeur, voire une haine à l'égard de la victime totalement incompréhensible.

Maryline Planche, massacrée dans son appartement de la rue Fonvieille, est tout au long de l’instruction décrite par ses collègues comme calme, serviable, travailleuse voire rigide, discrète voire solitaire. A l'inverse, l'accusée est dépeinte comme exubérante, manipulatrice et mythomane. 

 

Les faits

Le 22 mai la famille de Maryline Planche signale à la police la disparition inquiétante de cette dernière. Tout en indiquant avoir reçu des sms suspects : ils ne correspondent pas aux habitudes, ni à la façon de s'exprimer de la disparue. Sophie Masala reconnaîtra finalement en être l'auteure. Le 24 mai, des membres humains sont découverts par un passant au niveau de la passerelle du Bâtonnier Viala surplombant le Canal du Midi. Une jambe gauche enveloppée dans un sac plastique. Le lendemain, les enquêteurs retrouvent un bras gauche, le surlendemain un bras puis le tronc... La tête ? Sophie Masala l'enterrera sous 10 cm de terre, près de son balcon.

 

L'arrestation

Rapidement les enquêteurs identifieront le suspect. Car le 12 mai, jour du meurtre, un voisin de Maryline Planche est témoin d'une scène surréaliste : la victime sort paniquée de son appartement en culotte, hurlant "au secours". Il décrira une autre femme, sereine et froide, attrapant la victime "par les cheveux" , la tirant en arrière, "ne vous inquiétez pas : elle fait une crise de nerfs " concèdera-t-elle au voisin. Personne ne reverra Maryline vivante.

Cette deuxième femme est identifiée par les policiers comme étant une collègue, en conflit professionnel avec la victime. Toutes deux travaillent dans le même service au sein de l'AGEFIPH, association qui oeuvre pour l'insertion des travailleurs handicapés. Sophie Masala sera interpellée le 26 mai 2016 à l'aéroport de Montpellier, alors qu'elle revient de Paris. Lors de la fouille et des perquisitions sont retrouvés : sac et carte bancaire de la victime, couteaux, scies, traces de sang... Le 28 mai, une information judiciaire est ouverte. 

Au cours des différentes auditions, Masala reconnaîtra avoir frappé la victime au visage avec une bouteille de vin pleine, lui portant également d'autres coups au visage. Avoir entaillé les poignets de Maryline Planche pour faire croire à un suicide. Se ravisant, avoir découpé puis transporté son corps pour se débarasser des morceaux. Elle tentera d'envoyer des sms du téléphone de la victime pour tenter de brouiller les pistes, ou encore essaiera de se victimiser, en laissant entendre qu'elle subissait une forme de harcèlement sexuel de la part de M. Planche.

 

L'accusée, une ex-call girl condamnée pour vol

Narcissique, Sophie Masala ne présente pas de trouble mental selon l'expert psychiatre, mais elle est dans "le déni, la falsification". Evoluant entre "séduction" et " fabulation ". Pour l'expert psychologue, l'affectivité de l'accusée est immature et marquée par un désir de séduction permanent. Au point que "l'hypothèse d'un rapprochement de nature sexuelle avec la victime peut être retenue" au moins dans l'imaginaire de l'auteure.

"Manipulatrice", "aimant s'immiscer dans la vie des gens", une collègue de travail assure que Sophie Masala a pu jalouser la victime perçue comme une bonne professionnelle. Son mari convient que Sophie Masala ment régulièrement, au point de dire que sa femme présente "une double personnalité". Un autre de ses proches confirmera "sa tendance au mensonge".

En proie à des difficultés financières Sophie Masala était, au moment du meurtre, empêtrée dans une affaire de vol de tickets restaurant à l'AGEFIPH. Elle a exercé auparavant plusieurs emplois précaires, avant d'être embauchée à la faculté de Montpellier, puis d'être licenciée et condamnée pour vols et contrefaçons entre 2009 et 2010. Après un placement sous surveillance électronique et une période où elle devient call-girl dans un appartement de Carnon (34) avec l'assentiment de son mari, elle obtient un BTS et se fait embaucher en 2013 à l'AGEFIPH. Montpellier d'abord, puis dès décembre 2015, Toulouse.

Elle risque aujourd'hui 30 ans de réclusion criminelle. Sophie Masala est défendue par Me Pierre Dunac et Me Axelle Chorier, la partie civile sera représentée par Me Laurent Boguet et Me Georges Catala. La session d'Assises est présidée par Michel Huyette.