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"Sans ouverture avant mai, il y aura de la casse", alertent les patrons de boîtes de nuit des P.-O.

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22 décembre 2020 à 19h04 par John Bourgeois

L'Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie 66 a réuni une dizaine de patrons de discothèques ce mardi à Perpignan. Après neuf mois sans activité, le constat est plutôt triste.


Une réouverture le 20 janvier prochain semble bien incertaine pour les professionnels de la restauration et de l'hôtellerie. Elle l'est encore plus pour les acteurs du monde de la nuit. Après neuf mois de fermeture, l'épidémie est loin d'avoir disparue et le bilan que dressent les patrons de discothèques des Pyrénées-Orientales est selon eux "catastophique". Ils se sont réunis ce mardi au sein des locaux perpignanais de l'UMIH 66, syndicat des métiers de l'hôtellerie et de la restauration. 

"Nous avons obtenu trois mois d'aides à ce jour, sur neuf mois de fermeture. Cela fait à peu près l'équivalent de la moitié des charges en moyenne entre le loyer, l'électricité, les assurances", s'inquiète Vladimir Ostermann, gérant de quatre boîtes de nuit dans le département (le Monkey, le Marina, le Purple et le complexe La Luna). L'angoisse est effectivement bien présente chez ces professionnels qui disent pouvoir tenir "jusqu'à mai grand maximum, sinon, il y aura de la casse".

Vladimir Ostermann, gérant de quatre boites de nuit dans les P.-O.


Une réouverture "pour tous" en même temps

"Ça ne sent pas bon", voilà la réponse d'Hervé Montoyo, président de l'UMIH 66, quand on lui demande s'il croit en une ouverture le 20 janvier. "Ce qu'on attend, c'est qu'on ait des décisions claires, franches, et honnêtes dès début janvier. Si le gouvernement peut nous annoncer une date, qu'il l'annonce. Si cela doit être une date hypothétique, le mieux c'est qu'il se taise",  s'insurge le représentant de ces professions aujourd'hui à l'agonie. Et pour survivre et faire face à la crise sanitaire, il faut selon lui une "réouverture pour tous". "Il ne faut pas ouvrir au compte-gouttes les restaurants, puis après les bars, et ensuite les discothèques."

Le syndicat explique cette revendication par les excès liés à la fermeture de tous ces établissements, "où il n'y a jamais eu de cluster", martèle Hervé Montoyo. "Le gouvernement devrait tirer les leçons de ce qu'il s'est passé pendant l'été 2020, où il y a eu de multiples fêtes sauvages, et ça continue. Le consommateur cherche un palliatif. Donc, pour éviter des dérives au moment de la réouverture, et pour maîtriser justement les éventuelles contaminations, c'est l'ouverture pour tous."

Sentiment partagé par Vladimir Ostermann, puisque selon lui, les mesures imposées par l'exécutif sont loin d'être respectées. "Dans la restauration, il y a malgré tout des commandes jusqu'à 50 couverts à emporter pour le 31. Donc je n'ai pas l'impression que les Français vont faire la fête à six personnes, comme ce qui est préconisé. Et derrière, cela peut recréer une nouvelle vague. Et ensuite, si on ne réouvre pas, avec un protocole sanitaire, cela va continuer à faire n'importe quoi en électron libre."
 

Hervé Montoyo, président de l'UMIH 66
Vladimir Ostermann


lls préparent déjà la réouverture

Si l'opinion publique semble souhaiter en partie l'ouverture des restaurants, certains arguments ne semblent par contre pas jouer en la faveur des gérants de bars et de discothèques : l'alcool et les comportements imprévisibles. Pour Vladimir Ostermann, les conditions sanitaires seront mieux respectées dans ses différents établissements plutôt que dans la rue. "Alcool ou pas, entre rien sur le domaine public, et un minimum voire un maximum dans des entreprises et des commerces, il n’y a pas photo, ce sera toujours mieux que zéro sur le domaine public", répond-il. 

En cas de réouverture, ce chef d'entreprises nous a d'ailleurs confié penser pouvoir répondre à toutes les exigences sanitaires. "On est en train de se préparer à une réouverture en se faisant soutenir par des associations de prévention routière et de secourisme pour la prévention sanitaire. Et au delà de ça, il ne faut pas oublier qu'on est tous dotés d'agents de sécurité, qui sont là aussi pour faire respecter les protocoles. C'est un soutien de 30 000 personnes en France que l'Etat dénigre." Vladimir Ostermann cite d'ailleurs d'autres exemples, comme des actions de sensibilisation, les prises de température à l'entrée, le port du masque obligatoire, ou encore la neutralisation des pistes de danse.
 

Vladimir Ostermann


Tout est donc prêt, il ne manque plus qu'à réouvrir. Mais évidemment, cette annonce du gouvernement semble encore lointaine. "En tout cas, on ne lâchera rien et on continuera de monter au créneau s'il le faut", nous affirme le patron de l'UMIH 66 Hervé Montoyo, qui a d'ailleurs souhaité faire un geste pour tous les professionnels du monde de la nuit des Pyrénées-Orientales ce mardi, en leur offrant leur adhésion au syndicat.