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Prison avec sursis requise contre l’ex-directrice du pôle de foot féminin de Blagnac poursuivie pour harcèlement

« Grosse », « vipère », « moche » : les mots blessaient au point d’apparaître comme des brimades. La justice a brandi le carton rouge.    

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17 novembre 2022 à 20h51 par Brice Vidal

 

Une entraîneuse de foot face à la justice à Toulouse. Gaëlle Dumas comparaissait, ce jeudi, devant le tribunal correctionnel. 7 jeunes filles l’accusent de harcèlement moral entre 2020 et 2022, dates auxquelles l’ancienne joueuse du TFC dirigeait le pôle féminin de Blagnac. La justice avait à juger des méthodes musclées et des mots blessants de Gaëlle Dumas. Tout a commencé par un courrier anonyme laissant entendre que la formatrice avait eu des paroles « dégradantes » et « humiliantes » raillant le poids ou l’acné des jeunes footballeuses.  

 

Les victimes affirmaient venir au pôle féminin la boule au ventre 

« Tu as une bouée autour de la taille », « comment oses-tu te montrer tu es moche » aurait-elle asséné à ces sportives de haut niveau, évoquant auprès de l'une des gamines « ton beau-père alcoolique » ; autant d’expressions blessantes listées dans le courrier transmis au procureur, qui a ouvert une enquête de police. Toujours selon les témoignages recueillis, la prévenue avait pris l’habitude de faire culpabiliser les jeunes femmes «  es-tu contente d’avoir donné le covid à ta mère ? » Ou encore « tu es une vipère ». Les victimes, absentes à l'audience, affirmaient venir au pôle de Blagnac « la boule au ventre ».

 

Mise à pied le 13 avril 

La police a effectué une trentaine d’auditions égrainées à l’audience par la présidente Myriam Viargues, elles mettaient en exergue des moqueries, des critiques continuelles de la part de l’ancienne internationale. Certaines joueuses estimaient avoir été renvoyées du pôle sans motif valable ; une autre, ressortissante étrangère, se voyait interdite d’honorer une sélection dans son équipe nationale. Gaëlle Dumas, jamais condamnée auparavant, a été mise à pied pour faute grave le 13 avril dernier et remerciée par la Ligue de football d’Occitanie qui se portait partie civile ce jeudi.

 

La formatrice droite dans ses crampons 

La formatrice aux 41 sélections en équipe de France était-elle totalement « en roue libre » dans son rapport avec les adolescentes au point de les brimer ? Gaëlle Dumas contestait à l’audience les infractions rappelant que les pôles ont « pour objectif former des joueuses pour gagner des titres au niveau international », « je suis quelqu’un d’assez exigeant et d’assez franc » mais « il n’y avait aucune intention de blesser ou humilier. » Droite dans ses crampons, coupant à plusieurs reprises la parole à la présidente Viargues, la formatrice lâchait « je suis là pour les aider, les pousser, elles ne l’ont pas pris comme ça, j’en suis la première désolée. » Ce n’était visiblement pas l’heure du mea culpa. Dans sa rectitude le parquet demandait notamment 6 à 10 mois de prison avec sursis, 2 ans de mise à l’épreuve et une interdiction d’exercer. Délibéré le 1er février prochain.