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Meurtre de Jérémy Roze à Toulouse : "que la justice dise stop aux délinquants de quartiers"

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6 avril 2021 à 17h22 par Brice Vidal

La famille de la victime doit « subir » un troisième procès après la décision de la Cour de Cassation.

 

Le couteau avait été enfoncé dans son cœur, jusqu’à la garde, son agresseur voulant ce soir là "se faire un Yankee".

L’étudiant béarnais, Jérémy Roze, est mort poignardé à Toulouse, quartier Saint-Michel un soir de février 2011. L'interne en pharmacie aurait été tué pour une cigarette refusée... Le principal accusé du meurtre Hicham Ouakki, petit délinquant sans envergure, est jugé pour la troisième fois cette semaine. Il a été condamné deux fois à la perpétuité à Toulouse et Montauban. Si la peine - 20 ans de prison - de son co-accusé, Driss Arab, est définitive ; la Cour de Cassation a retoqué le dernier jugement relatif à celui qui est soupçonné d'avoir donné le coup mortel. C'est cette semaine le dernier procès de ce tragique fait divers. Tragique et ô combien révélateur d'une violence gratuite et endémique chez certains jeunes désœuvrés.

 

Les proches de Jérémy ne veulent "pas lâcher"

Christian Roze, le père de Jérémy, est plus que jamais déterminé à affronter les faits une fois encore. Persuadé que le seul verdict possible pour le meurtrier présumé de son fils est bien la peine maximale ; "je saurai faire entendre sa voix. La justice doit dire à ces délinquants de quartiers : il est temps que cette insécurité s'arrête." C'est probablement "le procès de trop" estime Yves Salanave-Péhé, le maire de Monein. Il a témoigné une troisième fois ce mardi, même s'il a du mal à comprendre qu’on fasse à nouveau vivre cette épreuve à la famille, "quand nous avons appris cette mauvaise nouvelle, nous nous sommes dit qu'on ne lâcherait pas." L'édile de la commune d’où la victime était originaire a rappelé, ce mardi, à quel point Jérémy était "un garçon extraordinaire, solaire" qui "nous rendait fier", le maire imaginant ce qu'il serait aujourd'hui "il aurait fondé famille, mis ses enfants à l'école et au rugby". Tout cela s'écrit désormais "au conditionnel" lâche, amer, Yves Salanave-Péhé.

 

H. Ouakki "a évolué" selon ses avocats

Ce mardi, la Cour a écouté les témoins "il était avachi sur une voiture et est mort dans mes bras" dira une femme primo-arrivante sur la scène de crime ; elle a entendu les enquêteurs, puis est revenue sur la personnalité de l'accusé né en 1992. Hicham Ouakki, troisième enfant d'une famille de quatre, déscolarisé à 13 ans et qui connaît rapidement ses premiers signalements pour délinquance. Cet "enfant roi" qui vole et aura sa première moto dès 11 ans. Son père décèdera d'un AVC en 2007, ce qui marquera pour un des experts "une rupture psychologique". Son avocat, Me Alexandre Martin, affirme qu'Ouakki "a changé", la Cour devant par conséquent "ajuster sa peine" ; "il a évolué dans sa prise de conscience et son empathie, sur cette intolérance à la frustration, sur cette violence inhérente à son parcours" précise le pénaliste toulousain qui conseille l'accusé au côté de Me Emmanuelle Franck.

Mes Laurent De Caunes et Bérangère Froger conseillent la partie civile. Pierre Bernard, l'avocat général, portera l'accusation. La Cour, présidée par Michel Huyette, rendra son verdict vendredi. Le dernier, cette fois.

 

Photo BV - Benjamin (le frère de Jérémy) et Christian Roze (le père de Jérémy).

 

Christian Roze (le père de Jérémy).
Yves Salanave-Péhé, le maire de Monein.
Me Alexandre Martin, un des avocats de la défense.