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La grande misère à notre porte : une plongée dans le plus grand squat de Toulouse

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Publié : 6 novembre 2019 à 15h38 par Brice Vidal

Plus de 500 personnes s'entassent dans l'ancien immeuble d'Enedis.

 

 

Une plongée dans la grande pauvreté à deux pas de chez nous, celle qu’accueillent nos sociétés occidentales. Ils sont en majorité Africains ou issus des pays de l'est… sans papiers, demandeurs d’asile, certains sont même en règle au niveau administratif.

Ils viennent pour beaucoup du squat démantelé de l’avenue Crampel à Toulouse et sont désormais installés dans un immeuble d'Enedis, situé au 44 avenue de Muret dans la Ville rose. Arrivé à la mi 2019, ils ont longtemps craint que les autorités ne les expulsent avant la trêve hivernale.

 

Un squat surpeuplé où la violence couve

Les associations et collectifs qui les soutiennent ont comptabilisé plus de 500 personnes, mais ils seraient bien plus nombreux aujourd'hui. "De nouveaux arrivants débarquent chaque semaine" explique Dim, un Malien auparavant installé au Busca. "Il faut instaurer des règles, déléguer une personne pour qu'elle fasse remonter les problèmes et pour éviter les violences" raconte celui qui concède "une situation très tendue, au début, avenue de Muret... mais ça s'est un peu calmé."

Selon nos informations, une réunion s'est tenue ce lundi pour régler les problèmes liés à la surpopulation.

Mais qui sont-ils ? Pour la plupart Guinéens, Nigérians, Albanais, mais aussi Tchadiens ou Maliens ; les réfugiés albanais arrivent souvent en famille. Les hommes seuls sont Africains. Certains travaillent, comme Ousmane, un livreur pour Uber Eats qui enfourche sa bicyclette "certains bossent dès 5 heures du matin pour aider à décharger sur les marchés" explique-t-il.

 

Des riverains fatalistes

"Ils auraient dû le détruire ce site"  gronde Joachim "je les comprends, ces gens sont à la rue". Les fenêtres de Carlos donnent sur le squat "quand ils viennent enlever les montagnes de poubelles, il faut deux camions minimum. Des préservatifs jonchent le sol dans l'école près d'ici. Il y a des va-et-vient incessants..."

Robert s'est fait agressé récemment, mais il tempère "impossible de vous dire s'il s'agit de quelqu'un du squat". Même incertitude chez ce témoin qui a dérangé un individu en train de crocheter une serrure de voiture " de toute façon, la police refuse de mettre les pieds dans le squat".

 

La réponse de l'Etat

Raoul est Tchadien, il est l'un des chefs de cette communauté "on attend des pouvoirs publics l'accès à un vrai logement et une situation de vie plus pérenne [...] c'est l'hiver et on ne sait pas où aller. Il y a des familles avec enfants, il ne faut surtout pas nous couper l'électricité. Sinon ce serait une catastrophe."

La Préfecture rappelle de son côté que le bâtiment est occupé illégalement, "dans le cadre de la procédure d'expulsion du bâtiment consécutive à une plainte de son propriétaire, une évaluation de la situation des personnes présentes dans le squat a été réalisée par l'association France Horizon à la demande de l’État". L'étude de leurs situations "est en cours" ajoutent les services préfectoraux.
 

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