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Exclusif : à Lescout, suite à l'affaire de la "ferme-usine", révélations sur les contrôles sanitaires menés dans le village

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Publié : 16 décembre 2019 à 22h32 par

Dossier exclusif 100% :

100% s’est procuré des documents qui révèlent l’ampleur des contrôles menés par l’Etat autour de l’exploitation de Cyril Gallès et de son élevage de poules, au cœur d’une polémique avec un collectif qui réunit des habitants de Lescout et des associations.

Ces derniers craignent que l’exploitation soit responsable d’un certain nombre de nuisances, et demandent depuis des mois que des mesures et des contrôles poussés soient réalisés.

Des contrôles qui ont eu lieu à plusieurs reprises, et notamment en 2018, au sein même de l’exploitation Galès, mais qui ont aussi été menés sur plusieurs autres exploitations ou entreprises de la commune, inspections à la « demande du préfet, suite à l’observation d’odeurs ponctuelles constatées sur le territoire de la commune de Lescout. »

Et ces derniers contrôles, nous sommes en mesure de le révéler, ont parfois mis en lumière des « non-conformités majeures », comme la présence sur des exploitations agricoles de produits phytosanitaires interdits.

Trois exploitations ont fait l’objet de mises en demeures.

 

L’une d’elles, spécialisée dans le traitement de fibres, n’ a pas, selon la Direction Régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement, réalisé « de mesures au moins tous les deux ans sur les rejets gazeux de la chaudière par un organisme agréé depuis la mise en service de la chaudière. » Dans le même rapport, l’inspecteur précise toutefois que « le jour de l’inspection, aucune odeur n’a été décelée. »

Mais selon les documents que nous nous sommes procurés, deux exploitations agricoles, qui jouxtent l’école de la commune, ont aussi été contrôlées en août 2018, et ont révélé des « non-conformités majeures » : la présence dans leurs stocks de produits phytopharmaceutiques interdits.

Au sein de ces exploitations, les inspecteurs ont notamment découverts du Calliherbe Special et du Sultox 80 pour l’une d’elles, du Sulcogan pour l’autre, des produits interdits respectivement depuis 2009, 1993 et 2013.

Dans la première exploitation, il a aussi été retrouvé des produits reconditionnés dans d’autre bidons, à raison de plusieurs litres, ce qui enfreint la réglementation.

 

Des produits qui, selon l’ANSES, l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire, peuvent provoquer « des irritations pour les yeux ou les voies respiratoires. »
Rien, cependant, dans les documents que nous nous sommes procurés, n’indique ou ne laisse à penser que ces produits ont été utilisés ces dernières années par les agriculteurs.

Ces deux exploitations agricoles ont été mise en demeure de remettre ces produits aux organismes agréés, pour leur destruction, ce qui a été fait.

 

Le propriétaire d’une de ces deux exploitations a accepté de nous rencontrer, pour s’expliquer, en toute transparence.

Il proteste de sa bonne foi : « ce sont des produits qui étaient dans mon local phytosanitaire, et qui concernaient surtout la culture du sorgho, qui n‘est plus dans ma rotation depuis 2013. Des produits qui sont restés dans mon armoire, et c’est vrai qu’on a pas forcément l’idée de regarder sur internet pour vérifier l’homologation du produit. Quand est arrivé le contrôle phyto, il me restait un bidon de ce produit (le sulcogan) qui datait de 2013. Cela arrive à beaucoup d’exploitations agricoles. Je pense que la plupart des céréaliers ont des produits phytos et ne regardent pas forcément chaque année si un produit a été enlevé du marché…Après, c’est à nous maintenant de nous adapter et de faire encore plus attention aux produits qu’on garde. »

L’agriculteur tient à le dire : « je n’ai jamais utilisé un produit interdit, les produits qui sont appliqués sont homologués, d’ailleurs ont est en zone vulnérable donc on est très suivis. Je n’ai aucun soucis là-dessus, je peux dormir tranquille. »

 

La société Gallès, « extrêmement contrôlée. »

La phrase est d’un fonctionnaire de l’Etat qui a souhaité rester anonyme. Pour lui, l’intensité des contrôles subis par la société Gallès depuis presque deux ans est « extrêmement élevée, j’ai rarement vu ça. »

 

Dans une note datée du 12 novembre, que nous avons pu consulter, le bureau de l’environnement et des affaires foncières indique que suite aux derniers contrôles, en novembre 2018 et mai 2019, « à l’exception des relevés effectués au plus près des tas de fientes, aucune des mesures effectuées dans l’élevage avicole considéré ne fait ressortir de valeurs supérieurs à la norme tolérée en matière d’ammoniac. Elles sont mêmes largement inférieures. »

Des analyses très précises de la qualité de l’air à Lescout bientôt lancées

Thomas Drieux, porte-parole du collectif de Lescout, opposant à la société Gallès et à son projet d’extension, a pris note de ces différentes analyses.

Pour lui, « leur importance est difficile à mesurer, car nous avons pris l’habitude de prendre avec des  pincettes les analyses de la préfecture. Depuis plusieurs mois, ils mesurent en trouvant des taux d’ammoniacs à zéro, alors qu’on sait qu’il y en a dans les fiente…Maintenant, on ne veut pas jeter le discrédit la dessus, absolument pas. »

Concernant les contrôles sur certaines exploitations agricoles de la commune, « ce n’est pas un éclairage qui va tout changer, ça tombe même au bon moment, puisqu’on va mettre en place des analyses de la qualité de l’air avec la préfecture ! Donc on rajoutera ces éléments-là, la présence d’ammoniac et les phytos. »

 

Ces analyses de la qualité de l’air, demandées depuis longtemps par le collectif à l’Etat, devraient justement débuter à court terme, après un retard à l’allumage.

Cette étude sera pilotée par le président de la communauté de commune Sor et Agout, avec la participation des membres du collectif. L’ARS et la DREAL participeront au financement de l’étude, qui coûtera un peu plus de 30 000 euros. Elle sera menée par l’ATMO.

Quant à savoir ce qui sera précisément recherché dans l’air de Lescout, avec quel protocole et durant combien de temps, c’est le comité de pilotage de cette étude qui le déterminera. Une première réunion doit se tenir ce mercredi.

 

« On veut simplement savoir ce qu’on respire, ajoute Thomas Drieux,  les substances potentiellement émises par la ferme-usine, mais allons plus loin, allons jusqu’à toutes les substances potentiellement émises par les exploitations agricoles…Nous voulons que toutes les substances soient recherchées sur une période d’au moins six mois. »

Et de conclure : « ça a pris beaucoup de temps, mais je pense que nous allons dans le bon sens. »

 

 

Photo : Lescout, village où écoles et habitations se mêlent aux fermes et aux parcelles agricoles.