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Entretien avec Bernard Laporte : "Impossible de laisser mourir un club"

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16 avril 2020 à 16h54 par John Bourgeois

Le président de la Fédération Française de Rugby s'est exprimé sur 100% au sujet de la crise que traverse le monde du rugby. Entretien.

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Cela fait maintenant un mois de confinement. Sur votre dernier post Facebook après les annonces du président Emmanuel Macron, vous parlez à plusieurs reprises de sortir par le haut de cette crise. Le monde du rugby et notamment du rugby amateur va-t-il arriver à se relever ?  Êtes-vous confiant ?

Bernard Laporte : Confiants, nous le sommes. Puis il faut l’espérer. Je crois que le rôle de la Fédération dans ces moments-là est encore plus important. C’est pour cela qu’on a vite réagit et qu’on a mis un plan de relance en place. Parce qu’effectivement, quand on a vu qu’on allait être confiné et qu'on ne pourrait donc pas terminer les compétitions, on s’est dit qu'il allait y avoir que des dépenses et aucune recette pour les clubs amateurs. On sait l’importance des beaux jours d’avril et de mai dans les recettes des clubs, avec tout ce que cela comporte comme buvettes, phases finales, manifestation, qui génèrent des moyens pour ces clubs amateurs. Donc ce sont pour ces raisons qu’on a décidé au 1er avril de stopper tous les prélèvements. Donc il n’auront pas de recettes, mais pas de dépenses. Les clubs pourront se refaire de la trésorerie. Car, ce qui est important, c’est qu’ils risquent d’avoir une perte de partenariat lié à cette crise sanitaire qui va toucher essentiellement leurs partenaires. Donc c’est pour cela qu’on se doit d’être à leurs côtés et de les accompagner.


Vous êtes en discusion constante avec les présidents et représentants de clubs. Il y avait beaucoup d'inquiétudes, ce plan d'urgence les rassure ? 

​B.L. : Oui, on a reçu beaucoup de messages de remerciements. Vous savez, dépenser 35 millions ce n'est pas rien pour une Fédération, même si la nôtre est solide. Cela montre encore une fois qu'on a mis un gros coup d'accélérateur pour les aider, et c'est normal. Le rugby ce sont eux, tous ces dirigeants, tous ces bénévoles qui sont au quotidien dans leur club, et qui font vivre le rubgy. Donc le rôle d'une fédération, c'est de les valoriser et surtout de les accompagner quand ils sont dans la difficulté. C'est quoi le rôle d'un club amateur? Il a un côté social considérable dans nos villages, dans nos petites villes. Donc rien qu'à ce moment-là, il faut les aider à ne pas mourir. Là on parle d'amateurisme, et pas de sport professionnel, mais impossible de laisser mourir un club. Et on sera vigilant, on sera à leurs cotés et on les accompagnera.


​Il y a encore quelques questionnements sur les montées de club poru la saison prochaine, et notammente neytre la Fédérale 1 et la Pro D2. Nous, dans la région, on a le club d'Albi qui pourrait se retrouver sur le carreau alors qu'il a fait une très belle saison. Aujourd'hui avez-vous plus de réponses à ce sujet ? On sait qu'il y a certaines discussions avec la Ligue Nationale de Rugby? 

B.L. : On a partagé une réunion avec 30 présidents de TOP 14 et de Pro D2 il y a de cela une dizaine de jours. On doit se reconnecter pour discuter fin de mois d'avril, début mai. On leur a dit simplement qu'on souhaitait effectivement qu'il y ait des montées de la 4ème série jusqu'à la Fédérale 1. Puisque c'est ce qu'on a impulsé de haut en bas, il n'y aura pas de descentes, mais il y aura des montées, pour valoriser ceux qui se sont bien comportés et pour garder cette dynamique positive du sport, la montée. Par contre, dès qu'on rentre dans le monde professionnel, il faut parler d'argent. Et qu'il n'était pas question, c'est ce qu'ils nous disaient, de renier sur les droits de télévision des clubs professionnels puisque deux clubs allaient rentrer. Donc si jamais ils acceptent que ces deux clubs intègrent la pro D2 , c'est la Fédération Française qui prendrait en intégralité les droits de télévision de ces deux clubs, pour ne pas prendre aux autres clubs. C'est en ce sens que la fédération ferait un effort. Mais bon, comme je leur ai dit, il faut qu'on partage tout cela ensemble, monde amateur, monde professionnel, on est tous dans la même difficulté. On verra ce que les présidents décideront début mai. Mais aujourd'hui, ils ont toutes les garanties.


Vous êtes également en lice pour devenir vice-président de World Rugby. Au-delà de la France, il y a un impact de ce virus partout dans le monde. Il va falloir trouver des solutions au niveau mondial ?

B.L. : La crise touche le monde entier. Pour assister à toutes les réunions de World Rugby chaque semaine, je peux vous garantir que les USA ont déposé le bilan. Vous n'êtes pas sans savoir qu'il y a beaucoup de Fédérations qui sont dans la difficulté, surtout si les tournées de juillet et de novembre ne se jouaient pas. Alors novembre ça nous concerne nous, les nations du Nord, puisque nous recevons les nations du Sud. Mais juillet, ce sont eux qui nous reçoivent, et c'est vrai que si on n'y allait pas pour des raisons sanitaires, ce serait un manque à gagner considérable pour ces nations-là. Il y a un plan de report qui est effectivement de mettre la tournée de juillet au mois d'octobre, mais il n'y a rien de fait. Tant que la tournée de juillet n'est pas définitivement annulée, il n'est pas question d'envisager d'autres scénarios. 


Plus tard, le problème de ces calendriers internationiaux va également se poser. Vous parlez notamment de repenser ce sport, c'est l'un des grands enjeux futurs du rugby ? 

​B.L. : C'est une évidence. Et Richie McCaw, pour lequel j'ai beaucoup d'admiration, qui a quitté le monde du rugby depuis son titre de champion du monde en 2015, a dit que c'était le moment de profiter de cette crise pour remettre les palnètes en face, et notamment les calendirers du Nord et du Sud. Pour que tout cela se rassemble et qu'il y ait beaucoup plus de cohérence dans ces calendriers internationaux.

Crédit Photo : FFR 

Entretien intégral avec Bernard Laporte