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Castres : quand la rumeur empoisonne la campagne des municipales

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21 février 2020 à 16h47 par Cyrille Masson

On en parlait depuis quelques jours dans le landernau castrais.

La rumeur avait été mise en avant par un habitant particulièrement actif sur les réseaux sociaux en milieu de semaine, qui, dans une vibrante diatribe, demandait des explications au maire de Castres : Pascal Bugis aurait financé, avec l’argent public, une association proche des frères musulmans ! Une association considérée par plusieurs pays comme proche de l’islam radical !

Le CBSP, Comité de Bienfaisance et de Solidarité pour la Palestine, est en effet depuis des années sous le feu de nombreuses critiques pour la proximité de plusieurs de ses membres avec des mouvances de l’islam radical.

Des rumeurs relayées dans la foulée sur le même réseau social par un journaliste tarnais, pour qui le maire de Castres était carrément « soupçonné d'avoir secrètement financé les frères Musulmans. »

Et cela n’a pas manqué, ce vendredi, en fin de matinée, un candidat aux élections municipales de Castres, le candidat du Rassemblement National Jean-Jacques Gros, dans un communiqué, « demande instamment à Mr Bugis de confirmer ou d’infirmer cette affirmation et de préciser les relations éventuelles qu’aurait eues la municipalité de Castres avec le CBSP »

 

Comment cette rumeur a-t-elle pris corps ?

 

Tout part du dernier livre de Mohamed Sifaoui, un journaliste et écrivain, qui s’est spécialisé dans les enquêtes sur l’islam radical et ses différentes composantes.

Dans son dernier ouvrage, il écrit, page 297, qu’un des représentants du CBSP, Camel Bechikh, questionné sur le financement de la structure, affirmait il y a quelques années que « la ville de Castres nous a accordé 3000 euros. » Une citation, c’est écrit dans une note de bas de page de l’ouvrage, elle-même tirée d’un article du journal La Croix, datant de juin 2010, qui se penchait sur ce fameux CBSP.

 

Sauf que dans l’article de La Croix, il y a une erreur. Il ne s’agissait pas de la ville de Castres. Pascal Bugis l'explique dans un communiqué envoyé ce vendredi après-midi :  « M. Bechikh a reconnu que l’aide qui lui a été versée ne provenait pas de la Ville de Castres mais d’une Commune des Bouches-du-Rhône en l’occurrence ISTRES. Il ne peut donc y avoir aucun débat sur une aide supposée en direction de l’Islam radical par les municipalités conduites à Castres par Pascal Bugis depuis 2001. » Et l'élu castrais de rappeler que les documents qui concernent les attributions des subventions sont publics et consultables.

Toute cette affaire -qui n’en est donc pas une- repose donc sur une erreur dans un article de 2010, erreur reprise sans trembler par un écrivain dans son livre, relayée sur les réseaux sociaux et qui s’achève finalement par un communiqué très officiel d’un candidat aux élections. Encore une histoire de fausses informations, qui empoisonnent, à Castres comme ailleurs, la vie publique et politique.

On peut imaginer l’agacement du maire de Castres de voir qu’une rumeur concernant des faits aussi graves -on parle du financement d’une structure qui serait affiliée à l’islam radical- puisse être relayée aussi légèrement.

Il le dit sans équivoque dans un communiqué cet après-midi : « la diffusion, sur les réseaux sociaux, de cette fausse nouvelle conduit Pascal Bugis à entreprendre dès à présent toutes mesures utiles à faire cesser cette calomnie y compris en poursuivant devant les tribunaux ceux qui la propagent ou l’ont propagée. »

Le rectificatif avait été publié quelques jours plus tard dans La Croix.

Le rectificatif avait été publié quelques jours plus tard dans La Croix.