Burn-out et pensées suicidaires chez des salariés d'Akka : un spécialiste de l'aéro dans le collimateur des autorités à Toulouse
Que se passe-t-il dans cette société d’ingénierie et de conseil dont le siège régional se trouve à Blagnac ? La CGT pointe du harcèlement moral institutionnel.
10 octobre 2022 à 21h02 par Brice Vidal
« Une institution qui, de par son management, agit défavorablement sur la santé des salariés » Franck Laborderie, représentant CGT d’Akka, rappelle la définition du harcèlement moral institutionnel confirmée le 30 septembre par la cour d’appel de Paris, lors du retentissant procès France Télécom. Selon lui, il y a beaucoup à dire sur la gestion des risques psycho-sociaux chez Akka, société d’ingénierie aéronautique dont le siège régional est à Blagnac.
Le salarié toulousain "lanceur d'alerte" reconnu en invalidité à 50%
« Tout a commencé avec l’alerte d’un danger grave et imminent pour un salarié en juillet 2021, il a été hospitalisé 4 mois à Toulouse », il aurait frôlé le suicide nous explique le syndicaliste « il était obligé d'aller à Nantes avec des frais professionnels et un salaire sous-évalués […] il s’est retrouvé étouffé, en surcharge émotionnelle et professionnelle et finalement en burn-out, il a explosé. Sa mère nous a alors contacté pour expliquer que son fils était hospitalisé » en raison « d’idées noires ». La CGT a suivi ce dossier. Aujourd’hui le salarié toulousain est en mi-temps thérapeutique et reconnu en invalidité à 50 % « c’est très grave » insiste Franck Laborderie qui tente de faire reconnaître le cas comme maladie professionnelle.
Le syndicaliste a tenté d’intervenir auprès de la direction pour que cela ne se reproduise pas mais « nous n’étions pas d’accord sur les actions à mettre en œuvre » explique-t-il « on voulait un outil de pointage des heures réellement effectuées, car avec le télétravail c’est impossible à quantifier dans ce type d’entreprises » et « personne ne suit la charge de travail des salariés ». De son côté la direction aurait fait la sourde oreille, pour elle cette alerte « relevait du seul cadre privé ».
La direction propose "des séances de yoga"
L’enquête diligentée en interne n’aurait pas donné satisfaction à l’inspection du travail (DDETS 31) qui, en décembre, a envoyé une mise en demeure auprès de l’ensemble des filiales du groupe Akka en France. Selon les autorités, la société n’aurait pas apporté de réponses suffisantes dans son plan d’actions "des séances de yoga ou de sophrologie étaient proposées" explique le syndicat. A tel point que le procureur de la République de Toulouse était finalement saisi en juin dernier du procès-verbal de la DDETS 31 « suite à plusieurs témoignages de harcèlement » ; « la procédure est à l’étude » nous confirme-t-on au parquet de Toulouse.
La CGT aurait recueilli quatre témoignages à charge supplémentaires de salariés d’Akka "tous parlent de harcèlement, de dépressions aigües avec des pensées suicidaires et c'est juste la pointe de l'iceberg [...] nous attendons désormais l'instruction du PV de l'inspection du travail" nous explique-t-on "ceux qui ont dû démissionner ou qui ont connu des licenciements abusifs pourront se porter partie civile" (1400 départs contraints suite à la crise sanitaire). La CGT Akka organise ce mardi une rencontre des salariés à Blagnac Andromède avec l'avocat en charge du dossier pour le syndicat, Me Fiodor Rilov. Contactée, la société Akka n'a pas donné suite à nos sollicitations.