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Brexit : l'avertissement de Tom Enders, le patron d'Airbus, aux dirigeants britanniques est-il crédible?

Il a publié une vidéo inédite sur le site d'Airbus. 

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24 janvier 2019 à 10h42

​Il est face caméra, veste bleu striée de rouge, col roulé noir et ses yeux clairs tirés oscillent entre menace et inquiétude.

Tom Enders, le patron d'Airbus, s'exprime dans une vidéo de trois minutes postée sur le site d'Airbus ce jeudi 24 janvier. Du jamais vu.
 

Eviter un no-deal qui coûterait cher...

Il s'adresse aux dirigeants politiques britanniques et les exhorte à tout faire pour éviter un no-deal (qui impliquerait la rupture de tous les accords, notamment sur l'aviation), alors que l'accord proposé par Theresay May, la première ministre britannique, a été rejeté par les députés et qu'elle peine à présenter un plan B.

 

 "Dans une économie globale, le Royaume-Uni n'a plus les capacités de se débrouiller tout seul", prévient Tom Enders. Airbus a plus de 14 000 salariés ici (au Royaume Uni), et plus de 110 000 emplois dépendent directement de nos programmes britanniques. (...) Si vous êtes parfaitement sûrs que le Brexit est le meilleur des choix pour le Royaume-Uni, unissez-vous et bâtissez un accord de sortie pragmatique, qui permettra un Brexit ordonné."

 

.. aussi à Airbus

Un no-deal coûterait cher aux Britanniques mais aussi à l'avionneur européen. Ainsi, dans une étude de risque publiée en juin dernier, l'avionneur assure qu'un no-deal serait synonyme de pertes équivalentes à 1 milliard d’€ de chiffre d’affaires par semaine. 
Nul doute que ce serait compliqué également pour les sites toulousains.

 

"We are no dependent on the UK for our future" 

Dans sa vidéo, Tom Enders assure aussi qu'Airbus pourrait, en cas de no-deal, "prendre des décisions très difficiles. N'écoutez pas les folies des 'Brexiters' qui assurent que, du fait que nous avons d'énormes usines ici, nous ne partirons pas et nous resterons toujours. Ils ont tort. Il y a plein de pays qui seraient ravis de construire les ailes des avions Airbus".

Les voilures des avions transportant des passagers sont en effet, pour l'instant, fabriquées à Broughton, dans le pays de Galles, et Filton, dans la banlieue nord de Bristol. 1600 sortent chaque année, soient une centaine par mois. Elles partent ensuite vers les sites d'assemblage de Hambourg, en Allemagne, ou de Toulouse.

C'est la première fois que Tom Enders évoque clairement la possibilité d'un désengagement du Royaume-Uni.

Pas de délocations pour l'instant, mais des stocks

Mais comme nous vous l'avion révélé, Airbus n'a pas commencé à lancer un processus de fabrication ailleurs. En revanche, l'avionneur a reconnu à demi-mots stocker des pièces pour anticiper ce no-deal.  Des stocks tampons qui coûtent en tout cas "1 milliard d’euros à Airbus", avait estimé Patrick de Castelbajac le directeur de la stratégie de l’avionneur lors de la 11e World Policy Conference, organisée au Maroc du 26 au 28 octobre 2018. 

 

(RE)LIRE NOTRE DOSSIER >  Brexit : Airbus est-il vraiment prêt ?



- Clémence Fulleda et Brice Vidal -