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30 ans de prison pour H. Ouakki reconnu coupable de la mort de Jérémy Roze à Toulouse

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9 avril 2021 à 14h20 par Brice Vidal

Le 3e procès de l’affaire Jérémy Roze vient de s’achever.


L’affaire Jérémy Roze est devenue « le symbole de la violence gratuite » dira assez justement Alexandre Martin. Le crime d’Hicham Ouakki méritait-il la pire peine du code pénal ? La question a été posée, ce vendredi, à la Cour d’Assises de Haute-Garonne. La justice a finalement déclaré sans surprise l’accusé coupable, et l’a condamné à 30 ans de réclusion avec une peine de sûreté des deux tiers. Le Président précisant que la peine de sûreté maximale, pour un prononcé de perpétuité, est de 18 ans. Le débat avait fait rage ces dernières heures... 

 

Perpétuité demandée par le ministère public 


L’avocat général Pierre Bernard avait demandé la peine maximale, ce jeudi, à l’encontre d'Hicham Ouakki : la perpétuité. Ce petit délinquant toulousain, aujourd’hui âgé de 28 ans, était accusé d’avoir  mortellement poignardé l’étudiant béarnais, Jérémy Roze, en février 2011 quartier Saint-Michel à Toulouse pour un motif futile. Le 3e procès relatif à ce drame se tenait cette semaine, après la cassation du dernier verdict en appel. Ouakki était seul dans le box, la peine de son co-accusé Driss Arab étant définitive. Ouakki avait lui été condamné deux fois à la perpétuité. Mais l’accusation avait demandé 30 ans lors des derniers procès.
 


La peine maximale "pour les irrécupérables" plaide la défense 

 

Or « la perpétuité c’est lorsque c’est irrécupérable, c’est pour les tueurs en série » s’est indigné Me Emmanuelle Franck qui défendait Hicham Ouakki. Elle demandait une peine plus équilibrée à la Cour, statuant en appel. « C’était un salaud, je déteste le Hicham Ouakki de 2011 » éructera Me Alexandre Martin, son autre avocat a affirmé que son client n’était « plus le même » après 10 ans de détention, « il comprend le mal qu’il a fait ». Et si ce dernier n’aura jamais avoué avoir donné le coup de couteau mortel, le pénaliste a exhorté les jurés à laisser « sa part d’humanité à celui qui, sur le banc de l’infamie, mérite une peine lourde ». Ouakki qui n’a manqué de rien dans son enfance « ni de biens matériels ni d’affection » admiratif « des caïds dans les BMW rutilantes », époque où il était « un lâche aux valeurs détestables » insistera son conseil qui souligne les changements chez l’accusé. 

 

"J'espère devenir quelqu'un de bien" s'excuse l'accusé 


Les experts avaient aussi souligné cette semaine l’évolution d’Ouakki, en détention depuis 10 ans, un individu désormais capable « d’auto-critique », « de s’amender » voire « d’empathie ». Alexandre Martin demandait à la Cour de laisser à son client « une chance de se reconstruire ».  « Ne mélangez pas la douleur et la vengeance » concluait Alexandre Martin après avoir égrainer des crimes plus atroces les uns que les autres, où les accusés n’ont pas été condamnés à la perpétuité.
 

« Je regrette ce que j’ai fait à Jérémy et sa famille et j’espère devenir un jour quelqu’un de bien » dira l’accusé avant que la Cour aille délibérer vers 11h30.

 

Mes Alexandre Martin et Emmanuelle Franck après leurs plaidoiries.

Mes Alexandre Martin et Emmanuelle Franck après leurs plaidoiries.

Les réactions


 

Me Alexandre Martin : « une peine avec encore de l’espoir à été prononcée, avec une date de sortie ... même lointaine. Et avec la possibilité pour notre client de tout mettre en œuvre pour s’amender. Enfin, justice a été rendue ». 

 

Me Laurent De Caunes avocat de la partie civile : « la justice a fait son œuvre. La famille va pouvoir penser à autre chose. Ce verdict est sur le plan du symbole, moins lourd mais sur l’efficacité, il est plus efficace. Les juges ont considéré que ce crime était d’une gravité extrême. C’est donc bien Mr Ouakki qui a plongé son couteau dans le cœur de Jérémy Roze. C’est fondamental. »

 

Christian Roze, le père de Jérémy : « la justice est passée et nous nous en félicitons, mais ce n’est qu’une maigre consolation. J’aurais préféré la réclusion criminelle à perpétuité. Mais ça n’a plus de sens en France. En fin de compte, Ouakki prend plus que ce qu’il aurait eu avec la perpétuité. Cet individu est évacué de notre quotidien pendant au moins 20 ans. Si ce verdict pouvait être entendu par les délinquants de quartier et faire en sorte qu’il y ait de l’apaisement dans notre société : ce serait déjà un pas. »

 

Me Laurent de Caunes représentait la famille de la victime, Christian et Benjamin Roze.

Me Laurent de Caunes représentait la famille de la victime, Christian et Benjamin Roze.